05/07/13

Les pays pauvres “peuvent montrer la voie” dans l’agenda post-2015

SDGs_India G.M.B. Akash / Panos
Crédit image: G.M.B. Akash / Panos

Lecture rapide

  • Les pays les moins avancés ont de l’avance dans les approches communautaires du développement
  • Ils doivent mieux communiquer avec les pays riches - et entre eux - pour mettre cette expérience en évidence
  • Les événements comme la crise économique mondiale actuelle contribuent à faire tomber les barrières

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Les pays les moins avancés (PMA) – pays aux indicateurs socioéconomiques les plus bas – ont beaucoup à apporter au programme de développement durable, mais ils doivent s’organiser efficacement pour jouer un rôle déterminant, rapporte un document d’information du Groupe d’experts indépendants des PMA.
 
Selon ce document  d’information intitulé : 'Taking a lead on the post-2015 agenda : priorities for least developed countries'  [Montrer la voie dans l’agenda pour l’après 2015 : Priorités pour les pays les moins avancés], rendu public le 24 juin, les PMA ont en particulier besoin d’un échange de connaissances dans les deux sens avec des pays plus développés, afin de mettre en évidence leur savoir-faire en matière de gestion de l’environnement et de gouvernance locale.
 
Le texte constate que même si ces pays sont défaillants dans le domaine de l’approche verticale de la gouvernance, ils jouent un rôle prépondérant dans les approches communautaires où les institutions locales et des réseaux sociaux permettent aux puissants mouvements populaires de s’adapter aux questions comme le changement climatique.

“Il y a quelques leçons à tirer de nos expériences qui, pour nous, méritent d’être reconnues.”

Essam Yassin Mohammed, chercheur à l'IIED

« L’approche traditionnelle du développement a toujours voulu que la technologie et les connaissances viennent des pays économiquement avancés », relève Essam Yassin Mohammed, chercheur à l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) et membre de ce groupe d’experts, lancé en mai dernier.
 
« Il y a quelques leçons à tirer de nos expériences qui, pour nous, méritent d’être reconnues », déclare-t-il à SciDev.Net.
 
Les PMA ont de nombreuses idées susceptibles de contribuer à la mise en œuvre du programme de développement durable, comme dans le domaine de l’innovation, affirme-t-il.
 
Comme illustrations, on peut  citer l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la banque mobile et la commercialisation des produits de base, ainsi que les programmes d’irrigation pour lutter contre les effets du changement climatique au Népal. Au Népal et dans d’autres pays, les programmes de foresterie communautaire témoignent d’une gestion efficace de l’environnement, selon lui.
 
Mais ils ont toujours urgemment besoin de la contribution des pays plus nantis, surtout en matière de transfert des technologies, et par conséquent l’échange de connaissances dans les deux sens est essentiel, selon Yassin Mohammed. Les relations avec les pays à revenu intermédiaire ont un rôle crucial à jouer, parce qu’ils ont connu les mêmes mutations en matière de développement que celles auxquelles les PMA assistent actuellement.
 
Mais si ces pays veulent jouer un rôle primordial dans le développement, ils doivent également apprendre à coopérer entre eux et avec d’autres groupes marginalisés, comme les petits Etats insulaires en développement, recommande le document. Il faudrait renforcer l’esprit de coopération et de solidarité s’ils veulent participer à la résolution des problèmes mondiaux.
 
Yassin Mohammed est optimiste quant à la capacité des PMA à œuvrer de concert avec la communauté internationale, et cite comme preuve leur collaboration avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC).

« Si nous avons parlé d’une même voix au sein du GIEC, il n’y a pas de raison qu’on ne fasse pas de même avec le programme de développement de l’après 2015 ».
 
S’agissant de la solidarité entre les nations, il s’est opéré un profond changement de perspective pendant la crise économique actuelle et depuis le tsunami du Japon – deux événements qui ont bouleversé le monde développé et l’ont amené à reconnaître qu’il est aussi vulnérable, déclare encore M. Mohammed.
 
Ce qui a permis de remettre en cause la vieille dichotomie « eux » et « nous » qui caractérise les relations entre pays riches et pays pauvres, ajoute-t-il.

Sabina Alkire, directrice de l’Initiative d’Oxford pour la pauvreté et le développement humain au Royaume-Uni, se félicite des nombreux « aspects positifs » du document, notamment son appel à la solidarité et la nécessité de réaliser des progrès rapides en s’éloignant de l’habituelle aide au développement à sens unique.
 
Le fait que certains des pays les plus pauvres aient obtenu de meilleurs résultats que les pays riches dans la réduction des facteurs de pauvreté non monétaire, comme l’éducation, les soins de santé, et l’assainissement, constitue la preuve irréfutable qu’il faut prendre ces pays au sérieux, explique-t-elle à SciDev.Net.
 
Mais ces initiatives ne vont pas assez loin, regrette-t-elle.
 
Elles oublient l’autonomisation des femmes et leur capacité de leadership en tant que domaines d’expertise des PMA, constate Alkire, qui aurait aimé que le groupe d’experts se penche aussi sur cette question.

Références