29/03/17

Une nouvelle campagne pour lutter contre la dégradation des sols

Limestone and coral rocks
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • La dégradation des terres coûte à l'Afrique environ 65 milliards de dollars par an
  • L'ONU a lancé une campagne pour lutter contre la dégradation et créer des emplois
  • Un expert appelle à récompenser les défenseurs de la conservation de la terre

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[NAIROBI] Cette année, la Journée mondiale des Nations Unies pour la lutte contre la désertification sera célébrée le 17 juin et les Nations Unies ont lancé un programme de lutte contre la dégradation des sols afin de créer des emplois et de renforcer la sécurité alimentaire.
 
L'Afrique possède certaines des terres les plus dégradées du monde et, selon les experts, elle arrive en deuxième position après l'Asie, en matière de dégradation des terres à l'échelle mondiale.
 
"Notre terre. Notre maison. Notre avenir" : tel est le slogan de la Journée mondiale des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, selon une déclaration de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) publiée le mois dernier (9 février).
 
Monique Barbut, principale conseillère de l'ONU pour la lutte contre la désertification et la sécheresse, affirme que la terre est un outil intemporel pour la création de richesses, mais explique qu'il n'y a pas de solution miracle à la dégradation des terres.

“L'investissement dans la restauration des terres dégradées est essentiel pour améliorer la sécurité des aliments et des revenus des ménages.”

Oliver Wasonga
Université de Nairobi

"La solution dépend beaucoup du diagnostic du sol local et des conditions climatiques, qui peuvent varier beaucoup, même à courte distance", a déclaré Monique Barbut à SciDev.Net.
 
"Cette année, nous allons engager une campagne de réinvestissement dans les terres rurales et libérer leur potentiel massif de création d'emplois, du Burkina Faso, pays hôte de la célébration mondiale de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification, à l'Ukraine en passant par l’ltalie, Sainte-Lucie et le Mexique."
 
Batio Bassière, ministre de l'Environnement, de l'Economie Verte et du Changement Climatique du Burkina Faso, ajoute : "Depuis le début des années 80, nous avons réhabilité des terres dégradées en nous appuyant sur nos techniques traditionnelles comme le Zaï ou en adoptant de nouvelles techniques, notamment la régénération naturelle gérée. Nous prévoyons que la dégradation des sols sera neutre d'ici à 2030."

Pablo Muñoz, un responsable de programme du mécanisme mondial de la CNULCD, a pour sa part déclaré à SciDev.Net que la dégradation des terres coûte à l'Afrique environ 65 milliards de dollars par an, soit environ 5% de son produit intérieur brut. À l'échelle mondiale, le coût de la dégradation des terres est estimé à environ 295 milliards de dollars par an.
 
Sasha Alexander, responsable des politiques de la CNULCD, explique que la dégradation des terres augmente les chances des familles vivant en zone rurale de faire face à la faim et réduit l'eau de pluie qui s'infiltre dans le sol, ce qui diminue la capacité des eaux souterraines à reconstituer les rivières, les lacs et les puits.
 
Selon Oliver Wasonga, spécialiste de l'écologie des terres arides et des moyens de subsistance pastoraux à l'Université de Nairobi au Kenya, les investissements dans la gestion durable des terres sont particulièrement rares, surtout dans les zones arides et de nombreuses communautés vivant dans les zones rurales perdent leurs moyens de subsistance, en raison de pertes de productivité résultant de la dégradation des sols.
 
"L'investissement dans la restauration des terres dégradées est essentiel pour améliorer la sécurité alimentaire et le revenu des ménages, en particulier pour la majorité de la population rurale africaine qui dépend presque entièrement des ressources naturelles pour sa subsistance", a-t-il déclaré à SciDev.Net, ajoutant que la gestion des terres durables est la clé de la lutte contre la pauvreté et l'achèvement des objectifs de développement durable.
 
La Journée mondiale des Nations Unies pour la lutte contre la désertification n'a de valeur que si elle peut être utilisée pour mettre en valeur les réussites susceptibles de motiver les utilisateurs des terres, les décideurs, les agences de développement et les investisseurs privés à s'engager dans les pratiques de gestion durable des terres (GDT).
 
Selon Oliver Wasonga, la désertification affecte environ 45% de la superficie du continent. L'expert appelle les gouvernements africains à élaborer des politiques qui favorisent la gestion durable des terres et plus particulièrement celles qui visent à restaurer les terres dégradées.
 
L'implication des usagers de la terre ou des communautés est la clé du succès de toute tentative de promotion de la GDT et de la restauration des terres dégradées.
 
Ces approches devraient chercher à intégrer des pratiques coutumières peu coûteuses qui sont familières aux communautés, explique encore Oliver Wasonga.
 
"Il est également nécessaire de sensibiliser et de motiver le secteur privé à investir dans la GDT", estime Oliver Wasonga.
 
"Le paiement des services écosystémiques devrait être encouragé afin d'inciter les collectivités à utiliser les terres de manière durable."