14/05/14

Afrique lusophone: l’anglais, seule option?

ENglish teacher in africa
Crédit image: John Hogg / World Bank

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[SALVADOR, BRESIL] En tant que communicatrice scientifique brésilienne, je suis curieuse de savoir comment on communique sur la science dans d’autres pays lusophones.
 
C’est vrai qu’il m’est facile de trouver des projets au Portugal, mais il est difficile de savoir ce qui se passe dans d’autres régions du monde comme en Afrique, en raison de la rareté des informations sur la question – et c’est pourquoi c’est avec impatience que j’attendais de suivre les exposés d’un groupe de travail sur l’Afrique lusophone cette semaine ici au Congrès PSCT 2014 (le treizième Congrès du Réseau international sur la communication publique de la science et de la technologie).
 
João Emídio Cossa, représentant du ministère mozambicain de la science et de la technologie, a fait un brillant exposé. L’engagement du gouvernement mozambicain en faveur de la communication sur la science était déjà inscrit dans la toute première Constitution du pays en 1975, a-t-il indiqué.
 
Le gouvernement organise plusieurs activités de communication et d’échange sur la science avec le grand public comme les foires scientifiques et la publication de magazines. 
Les journaux locaux publient également des articles sur la science et des espaces sont prévus à la télévision pour les expositions scientifiques. En outre, selon João Emídio Cossa, un nombre croissant d’ONG œuvrent dans le domaine de la communication scientifique.
 
Le ministère de la science et de la technologie essaie également de promouvoir le renforcement des capacités en journalisme scientifique
Toutefois, l’engouement pour cette discipline serait insuffisant : pour preuve, le gouvernement offre une bourse pour étudier le journalisme scientifique au Brésil, mais elle est la moins convoitée parmi de nombreuses autres, notamment une bourse pour étudier l’ingénierie.
 
La langue constitue un obstacle de taille pour la communication sur la science au Mozambique. Selon João Emídio Cossa, le portugais est une langue officielle, mais seulement environ 5 pour cent de la population sont des locuteurs natifs.*
 
Le reste s’exprime dans l’une des nombreuses langues  nationales, et le gouvernement se demande encore comment traduire et adapter les supports de communication scientifique : d’abord de l’anglais, la langue utilisée internationalement dans la science, et ensuite du portugais.
 
La nécessité d’enseigner l’anglais dans ces pays a été également soulignée après la session par Elizabeth Rasekoala, fondatrice et directrice du Réseau Afro-caribéen pour la science et la technologie.
 
Elle estime que c’est le meilleur moyen de permettre aux populations locales  d’occuper les emplois hautement qualifiés proposés par les multinationales dans des secteurs comme l’industrie pétrolière actuellement en plein essor en Angola et au Mozambique – au lieu de dépendre d’une main-d’œuvre importée.
 
« Mais n’est-ce pas trop facile comme solution », dit-elle.
 
Le Cap-Vert a beaucoup investi dans le secteur de l’éducation. Quand ce pays a accédé à la souveraineté en 1975, 75 pour cent de la population était illettrée.
 
D’après Adalberto Furtado Varela du Ministère capverdien de l’enseignement supérieur, de la science et de l’innovation, aujourd’hui c’est environ 90 pour cent de la population qui est illettrée.
 
Varela a pourtant relevé que le gouvernement investit tellement dans l’enseignement supérieur qu’il fait face à un nouveau problème : il n’y a pas assez d’emplois pour les diplômés qui en sortent. Le Cap-Vert essaie de changer la donne par la promotion de l’esprit d’entreprise, a-t-il expliqué.
 
Il a été aussi édifiant d’apprendre que la parité hommes-femmes dans le supérieur est de 100 pour 145. Mais le gouvernement poursuit ses efforts pour assurer la participation de la population à la science sur la plus minuscule des îles
 
Maximino Costa, journaliste saotoméen,  a quant à lui révélé que l’inclusion numérique est le principal défi que son pays doit relever et que des efforts sont faits pour la mise en place de réseau de fibres optiques afin d’accroître le débit des connexions Internet et réduire leur coût.
 
Cette session ne m’a cependant pas permis de comprendre l’état de la communication sur la science et la participation du public à la science dans les autres pays lusophones d’Afrique – il est regrettable que le délégué angolais à la Conférence n’y ait pas participé.
 
En outre, il serait intéressant de savoir quels sont les efforts faits par des acteurs autres que le gouvernement, notamment les medias locaux et les institutions de recherche.

* Cet article a été mis à jour le 20 mai 2014. La version originale indiquait à tort que seulement 5% de la population mozaombicaine s'exprime en portugais.

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