30/11/11

SciDev.Net : Dix ans de contribution à la science au service du développement

Les journalistes désireux et compétents pour communiquer sur la science ont besoin d'un environnement propice Crédit image: Flickr/Internews network

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Cette semaine, SciDev.Net commémore son dixième anniversaire, l'occasion de réfléchir à une décennie de réalisations et aux défis futurs.

La célébration d'un dixième anniversaire est un événement majeur dans la vie d'une organisation. C'est l'occasion de réfléchir aux réussites, quelle que soit la modestie de certaines. Plus important, c'est un passage essentiel vers l'age adulte, et le moment de penser aux défis à venir, aux mesures nécessaires pour les accompagner, et planifier le développement des compétences indispensables à leur réussite.

Cette semaine, SciDev.Net aura dix ans jour pour jour. Dans mon tout premier éditorial mis en ligne le 3 décembre 2001, j'annonçais que nous avions l'intention de « renforcer les capacités des individus et des communautés dans le monde en développement, améliorer leurs compétences qui permettrait de garantir une contribution efficace de la science et de la technologie au développement durable, et de ce fait, l'amélioration générale de la santé et du bien-être économique ».

J'ose croire que nous avons fait de grands pas vers l'atteinte de cet objectif. Comme nous l'espérions, la science est à présent bien ancrée au cœur des programmes de développement international. Elle est aussi de plus en plus reconnue dans les pays en développement comme un facteur essentiel de progrès social.

Mais les défis qui subsistent sont considérables. Trop de pays souffrent toujours de leurs capacités scientifiques sous-développés, les opportunités d'innovation technologique, par exemple dans le domaine de la santé et de l'agriculture, sont négligées, les bénéfices de la science restent inégalement répartis, les informations provenant de la recherche sont ignorées par les décideurs politiques, et le grand public est peu consulté sur les progrès scientifiques à mettre en œuvre, et la manière de procéder.

Pendant les dix dernières années, nous avons, à travers nos articles, nos commentaires et nos efforts de promotion du journalisme scientifique dans le monde en développement, alimenté le débat sur la façon de relever ces défis.
 

Des pas dans la bonne direction


La bonne nouvelle est que les choses évoluent dans le bon sens. C'est ainsi que durant la dernière décennie, plusieurs pays en développement ont pris l'engagement significatif d'accroître leurs efforts dans le domaine de la science. parmi lesquels la promesse ambitieuse faite en 2006 par les Chefs d'Etat de porter les dépenses de recherche et développement à un pour cent du produit intérieur brut.

L'idée que le développement d'une science bonne (et pertinente) ne suffisait pas a également fait son chemin dans les esprits pendant cette même période. Aujourd'hui, plusieurs pays en développement reconnaissent que l'application des outils scientifiques à la satisfaction des besoins sociaux n'aura du succès que si cette formule est accompagnée d'un soutien politique à l'innovation. Ces pays ont également compris que le renforcement des capacités scientifiques est étroitement lié à leur aptitude à nouer de véritables partenariats avec les organismes de recherche du monde développé.

Ce virage a pu être pris grace à la volonté de plusieurs organismes d'aide, plus particulièrement le Département pour le développement international (DFID) et l' Agence américaine pour le développement international (USAID), d'inclure à nouveau le financement de la science dans leurs programmes de développement après deux décennies d'indifférence au profit de politiques axées sur les réformes orientées vers le marché, ou d'initiatives directes de réduction de la pauvreté. Les organisations internationales comme la Banque mondiale ont pris des mesures similaires.

Du côté de la philanthropie privée, la Fondation Bill et Melinda Gates est devenue le porte-étendard de la promotion du soutien à l'innovation scientifique, dans le domaine des vaccins, par exemple, comme l'une des stratégies les plus efficaces permettant d'atteindre des objectifs en matière de développement.

Enfin, tout cela se reflète dans la vitalité du journalisme scientifique dans le monde en développement. Cela se vérifie, par exemple, par la forte participation des pays en développement cette année à la Conférence mondiale des journalistes scientifiques à Doha, dont SciDev.Net a eu le plaisir d'être l'un des principaux partenaires.
 

Tolérance zéro à la complaisance


SciDev.Net a joué un rôle majeur dans cette évolution pendant la dernière décennie, non seulement en tant que reporter et commentateur, mais également en éveillant les sensibilités à l'évolution de la 'science au service du développement', et contribuant ainsi à cristalliser les idées autour de la nécessité d'agir et des opportunités d'action.

Cependant, nous ne devons pas être complaisants. Comme Romain Murenzi, nouveau Directeur exécutif de l'Académie des sciences du Tiers-monde, l'a souligné la semaine passée à Budapest à l'occasion du Forum mondial sur la science, les progrès sont inégaux et certains pays en ont mieux tiré profit que d'autres. « Le fossé Nord-Sud en matière de capacités scientifiques se rétrécit à l'échelle mondiale », affirme-t-il au reporter de SciDEv.Net. « Mais l'écart d'un pays à l'autre n'a pas diminué». En outre, malgré leur bonne volonté apparente d'utiliser les études scientifiques, le comportement des hommes politiques a cet égard reste inégal. Ainsi, le débat actuel sur le réchauffement climatique, où il existe un consensus scientifique sur la nécessité d'une action urgente pour réduire les émissions de carbone, qui n'est pas suivi d'une volonté politique de prendre des mesures énergiques.

De nouvelles contraintes politiques et financières ont également des effets pernicieux. Ces conséquences vont d'une possible diminution des activités de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) dans le domaine de la science consécutives à la réaction des Etats-Unis après l'admission de la Palestine, à la réduction des moyens financiers consacrés la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, au moment où de récentes recherches ouvrent de nouvelles opportunités à des interventions efficaces.
 

Objectifs pour la prochaine décennie


Ces défis illustrent plus que jamais l'importance de disposer d'une information documentée et d'analyses faisant autorité.

Au cours des dix dernières années, on s'est concentrés sur la nécessité de promouvoir la science au service du développement, et sur les différentes stratégies susceptibles d'y conduire (parmi lesquelles la participation du grand public). Maintenant, l'attention doit être tournée vers la levée des obstacles idéologiques, financiers et politiques qui se dressent sur le chemin du progrès.

Cela vaut également pour le journalisme scientifique et la communication scientifique, en général. Tout le monde comprend l'utilité de bénéficier des compétences de bons journalistes scientifiques, et de travailler avec des scientifiques désireux de communiquer avec le monde non scientifique. Il faut maintenant créer des conditions susceptibles de permettre l'atteinte de ces deux objectifs. L'évolution des technologies de l'information et de la communication comme les médias sociaux, offre de nouvelles opportunités susceptibles d'améliorer tous les types de communication scientifique, et en particulier, le dialogue entre le monde scientifique et le reste de la société.

Ce sont quelques-uns des défis que nous devons relever au cours de la prochaine décennie. Nous espérons que le nombre de nos utilisateurs continuera à augmenter dans le monde en développement, nous allons élaborer de nouvelles stratégies pour permettre l'accès de notre contenu à ceux qui le trouvent utile, nouer de nouveaux partenariats avec ceux qui poursuivent les mêmes objectifs que nous, et trouver de nouvelles sources (et formes) de soutien financier pour nos activités.

Aucune de ces missions ne sera facile à accomplir. Mais, il ne fait aucun doute qu'au cours des dix prochaines années, notre personnel, nos contributeurs et nos lecteurs feront preuve du même engagement et dévouement. Quand SciDev.Net fêtera son vingtième anniversaire, j'espère qu'il pourra s'enorgueillir de sa contribution aux avancées en matière de promotion de la science au service du développement.
 

David Dickson
Rédacteur en chef, SciDev.Net