06/02/09

Communication scientifique : l’expérience des journalistes de SciDev.Net

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Une enquête menée auprès de nos journalistes suggère quelques pistes d'amélioration, mais elle met également en lumière les défis du journalisme scientifique dans le monde en développement.

Ceux d’entre vous qui visitent régulièrement le site du Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) sauront à quel point nous nous reposons fortement sur les articles commandés auprès de nos collaborateurs, ou qui nous sont envoyés par des journalistes scientifiques présents partout dans le monde en développement. C'est ce journalisme de terrain qui nous permet d'apporter une perspective de terrain aux sujets que nous traitons, un aspect qui fait souvent défaut aux rapports gouvernementaux ou aux analyses universitaires.

En automne dernier, nous avons réalisé une enquête auprès de nos journalistes indépendants, interrogeant un échantillon de 62 journalistes. Si l’enquête n’est ni particulièrement exhaustive ni scientifique, elle nous a néanmoins fourni quelques indices encourageants sur la façon dont notre collaboration avec les journalistes dans les pays en développement a amélioré leurs compétences professionnelles et les a mieux sensibilisés sur l'importance du rôle de la science dans le développement.

L’enquête a par ailleurs mis en exergue certains des défis qui se posent au journalisme scientifique dans le monde en développement. Elle nous fournit également quelques pistes sérieuses afin que nous puissions mieux aider les journalistes à surmonter ces obstacles.

Une rédaction perfectionnée

Plusieurs de nos contributeurs réguliers affirment que travailler pour nous les a aidé à progresser sur le plan professionnel – c’est une bonne nouvelle.

Ainsi, près de 70 pour cent des journalistes interrogés affirment que travailler pour SciDev.Net, ajouté au feedback éditorial que nous apportons, leur a permis d'améliorer leurs techniques de rédaction en langue anglaise. Comme le dit l'un des sondés, "j'ai appris à économiser les mots et à ne pas tomber dans le jargon." 

Dans une moindre mesure (58 pour cent) les journalistes déclarent que travailler avec SciDev.Net leur a permis d’améliorer leurs techniques d'interview. Il est à espérer que cela soit le reflet de l'importance que nous accordons à mener des entretiens auprès de personnes jouissant des connaissances et de la perspicacité appropriées pour commenter les événements dans le domaine de la science et de la technologie.

L’une des plus grandes satisfactions de cette enquête est que 71 pour cent des journalistes déclarent que travailler pour SciDev.Net leur a permis d'approfondir leurs connaissances et leur compréhension de la science. S’il paraît évident que les gouvernements qui souhaitent renforcer la culture scientifique de leurs populations trouveront auprès des journalistes de potentiels alliés, il est tout aussi crucial que l’Etat contribue à les soutenir et les former, pour que leur travail soit le plus efficace possible.

Beaucoup reste à faire

Nous avons également tiré quelques grandes leçons des résultats de cette enquête. Ainsi, plusieurs de nos contributeurs ont demandé à être mieux édifiés sur les raisons qui sous-tendent les modifications éditoriales apportée aux articles qu'ils proposent.

Comme le confirme cette enquête, plusieurs journalistes scientifiques du monde en développement se sentent isolés dans leur travail, et apprécieraient un renforcement des liens professionnels avec leurs homologues à l’étranger. Un peu plus des deux tiers des interrogés se sont déclarés prêts à faire partie d'un éventuel réseau regroupant les contributeurs au Réseau Sciences et Développement, et beaucoup sont déjà membres d'autres groupes, comme le Research and Media Network.

On note aussi une forte demande pour plus de formation professionnelle. Nos ateliers de renforcement des capacités, ainsi que les initiatives de formation que nous menons conjointement avec la Fédération mondiale des Journalistes scientifiques, contribuent à la résolution de ce problème. Mais il faut encore faire davantage, par exemple à travers l'introduction des cours de journalisme scientifique dans les facultés de journalisme des universités du monde en développement.

Globalement, cette enquête saura nous guider dans l'amélioration de notre processus de commande des articles, que ce soit la façon dont nous réagissons aux propositions faites par les journalistes, la manière d’apporter un feedback éditorial, ou la nécessité de respecter les différences culturelles dans le journalisme à travers le monde.

Des difficultés au jour le jour

Un dernier résultat de cette enquête, le plus inquiétant peut-être, concerne les difficultés d’ordre pratique auxquelles les journalistes scientifiques font face dans la préparation des articles pour SciDev.Net (et, on le suppose, pour d'autres publications nationales ou internationales).

A titre d'exemple, 39 pour cent des journalistes interrogés déclarent qu'il est souvent difficile de persuader les sources gouvernementales de commenter les sujets d'actualité, tandis que 56 pour cent déclarent faire régulièrement face à ce problème. Moins d'un journaliste sur dix déclare ne jamais rencontrer ce problème.

Il est tout aussi inquiétant que la moitié des sondés déclarent qu'il est souvent difficile de persuader les attachés de presse de les aider à accéder à l'information, tandis que 18 pour cent disent être régulièrement confrontés à ce problème.

Et plus des deux tiers déclarent que les scientifiques ne veulent pas souvent être interviewés, ce qui vient confirmer les informations de nature plus invérifiables selon lesquelles la communauté scientifique doit être davantage sensibilisée sur l'importance de la communication.

Là où il est possible de le faire, nous apporterons notre aide et notre soutien. Mais certaines de ces questions devront être résolues par les pays en développement eux-mêmes. En particulier, les communautés scientifiques nationales doivent répondre aux appels pour davantage de transparence et de responsabilité, appels émanant du grand public, qui en définitive finance leurs travaux.  A ce niveau, comme le confirme notre enquête, beaucoup reste à faire. 

David Dickson
Directeur de Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net)

Nous élaborons actuellement de nouvelles procédures afin de bâtir sur les conclusions de cette enquête et des commentaires de nos lecteurs. Nous les partagerons avec nos contributeurs bientôt. Toute personne souhaiterant mieux s'informer sur la collaboration avec SciDev.Net est invitée à contacter l’un de nos coordonnateurs régionaux, ou avec Aisling Irwin, le chef de la rubrique actualité à l'adresse [email protected].

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