24/04/12

Le Botswana établit des passerelles scientifiques

L'institut a été confronté à des défis comme la concurrence pour les ressources en eau du fleuve Okavango Crédit image: Flickr/prezz

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A la périphérie du désert du Kalahari, l’Institut de recherche d’Okavango (ORI) au Botswana s’appuie sur l’expertise de l’Afrique tout entière pour résoudre les problèmes scientifiques nationaux, d’après un article de fond publié dans la TWAS Newsletter.

Cet institut fait partie de l’Université du Botswana. C’est le seul bâtiment dans la ville de Maun et il est entouré de quelques structures excentrées destinées au personnel, aux visiteurs et aux étudiants des cycles supérieurs, dont le premier groupe était arrivé il y a trois ans. Toutefois, l’ORI abrite également un laboratoire moderne de systèmes d’informations géographiques, un herboretum et une bibliothèque rénovée.

Depuis sa création, l’un des programmes les plus réussis de l’ORI a été BioKavango. Ce programme quinquennal associe la recherche à l’approche communautaire pour venir à bout des défis relatifs à la pêche, à l’eau, au tourisme et à la sensibilisation à la biodiversité.

Dans chacune de ces disciplines, l’accent est mis sur le renforcement des connaissances et la mise en œuvre des conditions nécessaires à une prise de décisions éclairées, pour résoudre les conflits qui ont surgi dans le passé, en particulier autour du tourisme.

"Nous espérions y parvenir notamment en dissipant certaines perceptions erronées, comme celle selon laquelle les pêcheurs surexploitent les fonds de pêche de certaines régions", indique Lapo Magole, chercheur en sciences sociales à l’ORI. "Nous avons montré que cela n’était pas vrai ; qu’en réalité, l’industrie de la pêche de la région était tout simplement trop petite pour surexploiter les stocks", a-t-il poursuivi.

"La véritable source du mécontentement tient au fait que les touristes ne veulent pas voir des populations locales pêcher devant leurs pavillons".

L’utilisation des terres figure aussi au nombre des conflits liés au tourisme que l’institut s’est employé à résoudre. Le personnel de l’ORI a réuni les parties prenantes pour débattre de ces questions, et il a engagé des études sur le tourisme pour éclairer les politiques et les décisions prises par les responsables locaux, les exploitants d’entreprises touristiques et le gouvernement.

L’institut noue également des contacts avec la communauté internationale. Il a ainsi développé des partenariats avec plusieurs universités en Europe et aux Etats-Unis, et il accueille également le Réseau africain sur les changements climatiques.

L’une des difficultés permanentes que rencontre l’institut est le recrutement de personnel –en particulier les cadres supérieurs—, notamment à cause de la baisse spectaculaire de la valeur de la monnaie du Botswana au cours de la dernière décennie. Le défaut de soins médicaux locaux de pointe est un autre défi pour l’institut.

"Nous pouvons offrir un environnement stimulant pour les jeunes chercheurs", affirme Susan Ringrose, directrice de l’ORI. "Pour eux, l’enveloppe financière peut ne pas compter autant que les défis posés par le programme de recherche et les questions qu’ils seront en mesure d’explorer. Ils essaient, après tout, de bâtir une carrière. Pour les professeurs chevronnés, qui ont des obligations familiales et la retraite à l’horizon, le défi est bien plus important."

Entre-temps, l’ORI va de l’avant avec ses propres initiatives, dont des projets visant à élargir et à améliorer son campus et ses activités. On compte aussi un programme financé par l’Union européenne pour améliorer la qualité des propositions de recherche et une initiative financée par le Canada en vue d’étudier et d’améliorer la santé publique dans le contexte des efforts de développement.

Le directeur adjoint de l’ORI chargé de la gestion de la recherche, Moses Chimbari, est convaincu que l’institut est en train de faire une différence significative au Botswana.

"En Afrique australe, jusqu’ici, les gens avaient peur des scientifiques. Ils ne se rapprochaient jamais d’eux, encore moins pour écouter ce qu’ils avaient à dire. Nous avons l’intention de changer cela. Ce que je veux, c’est être capable d’aller dans n’importe quel débit de boissons, n’importe quel club sportif ou école à Maun et de poser cette question à quelqu’un: ‘que fait l’ORI ?’, et je veux qu’ils soient en mesure de me le dire.  Je veux qu’ils comprennent l’importance de la science dans leur vie".

Lien vers l’article complet dans le Bulletin de la TWAS