30/09/11

Les scientifiques reconnaissent la nécessité d’agir avec responsabilité

Les scientifiques devraient assumer leurs responsabilités, en plus d'avoir des libertés Crédit image: Flickr/IITA Image Library

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[Rome] Les responsabilités éthiques des scientifiques ont été consacrées pour la première fois dans une déclaration du Conseil international des unions scientifiques (CIUS), qui représente les principales académies des sciences et unions scientifiques internationales.

Le Conseil a modifié une loi existante sur la liberté scientifique pour y inclure l’obligation pour les scientifiques de faire preuve d’intégrité dans leurs travaux, de transparence, et de reconnaître les éventuels dommages de leurs activités.

Le CIUS est une organisation non-gouvernementale internationale dont les membres sont les académies des sciences de 140 pays ainsi que 30 unions scientifiques internationales. Il se bat depuis longtemps pour le principe de l”universalité de la science’, qui défend la liberté de mouvement, d’association, d’expression et de communication des scientifiques, ainsi que l’accès équitable aux données, aux informations et aux documents de recherche.

Ce conseil estime qu’au sein de la communauté scientifique, le sentiment que les scientifiques devraient également assumer certaines responsabilités s’est graduellement renforcé.

Pour Bengt Gustafsson, président du Comité du CIUS sur la liberté et la responsabilité dans la conduite de la science, cela est dû en partie à l’émergence de questions comme les changements climatiques et l’insécurité alimentaire "pour lesquelles la solution passe par la science".

"Bon nombre d’entre nous pensent que nous devons nous mobiliser pour collaborer à ces questions", a-t-il dit.

La nouvelle disposition, approuvée à une écrasante majorité aujourd’hui (30 septembre) à l’Assemblée générale du Conseil à Rome, en Italie, affirme ainsi quil faut "qu’il y ait responsabilité à tous les niveaux pour réaliser et communiquer un travail scientifique avec intégrité, respect, équité, loyauté et transparence, tout en reconnaissant ses avantages et ses éventuels inconvénients".

Un document justificatif intitulé ‘Liberté, responsabilité et universalité de la science’, préparé par le comité, affirme que "la communauté scientifique reconnait de plus en plus la nécessité d’impliquer plus pleinement les acteurs de la société dans l’explication, l’élaboration et la mise en œuvre des agendas de recherche.

"Un aspect principal de la garantie des libertés des scientifiques et de l’avenir à plus long terme de la science ne consiste pas uniquement à pratiquer la science avec responsabilité, mais à être capable de démontrer publiquement que la science est pratiquée de manière responsable".

Le CIUS a, au fil des années, accepté de défendre les scientifiques dont la liberté de pratique a été entravée par des situations politiques, comme les restrictions concernant les voyages des chercheurs sud-africains pendant la période d’apartheid.

Gustafsson a affirmé à SciDev.Net que ces campagnes serait maintenues et renforcées par ce nouveau décret.

"Nous [scientifiques] avons besoin d’une liberté considérable. Il est bon de pouvoir affirmer que nos utilisons ces libertés de façon responsable."

Carthage Smith, directeur exécutif adjoint du CIUS, reconnait qu’il est impossible de prédire quels seront les effets de la nouvelle disposition.

"C’est là une declaration normative qui bénéficie de l’appui de la communauté," a-t-il expliqué. "La question des libertés a eu un impact considérable, mais pour celle des responsabilités, nous ne le savons pas encore."

Il a prédit que l’appui apporté par le comité à la dénonciation, dans certaines circonstances, exprimé dans le document d’accompagnement, pourrait renforcer la détermination des scientifiques à s’exprimer s’ils prennent conscience de comportements contraires à l’éthique.

Le comité du Conseil a, au cours de ces dernières années, développé une position concernant la responsabilité qu’ont les scientifiques de communiquer leurs résultats, les codes d’éthique de la recherche, et l’obligation de partager les données scientifiques, en particulier par rapport aux besoins des scientifiques dans les pays en développement.

Lien vers ‘Liberté, responsabilité et universalité de la science’