03/02/12

L’ONU prône ‘une meilleure intégration entre la science et la politique’

Sha a explicité les résultats qu'il faut 'indispensablement' atteindre à la conférence Rio+20 Crédit image: Flickr/~FLO

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Un rapport d’un groupe d’experts de haut niveau a ajouté son soutien aux appels en faveur d’une plus grande intégration de la science à toutes les étapes de l’élaboration des politiques sur le développement durable.

Les scientifiques ont déjà accueilli favorablement un nombre important de références à l’importance de la science — dont des appels à de meilleurs échanges entre scientifiques et décideurs politiques au niveau des Nations Unies – dans l’ébauche dite ‘zéro’ du document final de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), qui aura lieu au Brésil en juin prochain.

Un rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la résilience de la planète donne aujourd’hui un plus grand poids politique à de tels appels, et fournit des indications sur quelques-unes des mesures concrètes qui pourraient permettre d’atteindre ces objectifs.

Cet article fait partie de notre série sur les préparatifs de Rio+20, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra du 20 au 22 juin 2012. Pour consulter les autres articles de la série, rendez-vous sur Science à Rio+20

Le rapport intitulé ‘Resilient People, Resilient Planet: A Future Worth Choosing’ (‘Pour l’avenir des hommes et de la planète : Choisir la résilience’, en français), publié cette semaine (30 janvier), livre 56 recommandations, l’importance de la science y étant souligné à chaque instant.

En particulier, le document appelle à "des efforts mondiaux audacieux", parmi lesquels figure le lancement d’une "initiative scientifique mondiale majeure", dans le but de renforcer l’interface entre la science et la politique.

Le rapport, élaboré par un groupe d’experts dont certains des membres sont des ministres des gouvernements australien, brésilien, indien et suédois, souligne "l’urgente nécessité" d’une meilleure intégration entre la science et la politique à tous les niveaux, et juge que les responsables de l’élaboration des politiques des Nations unies doivent avoir un meilleur accès à l’expertise scientifique.

Pour atteindre cet objectif, les experts appellent à la création d’un Conseil consultatif sur la science ou à la nomination d’un conseiller scientifique en chef auprès du secrétaire général de l’ONU, en citant comme exemples le Conseil consultatif sur la science et la technologie auprès du président américain et le conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique.

Le rapport rappelle que les enquêtes scientifiques n’ont à ce jour pas encore fourni une compréhension détaillée des impacts humains sur l’environnement, et que davantage de recherches seront nécessaires pour comprendre les effets conjugués de diverses pressions environnementales, économiques et sociales.

Le document regrette également l’absence d’une "image globale" de la direction que prend la planète.

"Nous devons définir, grâce à la science, ce que les scientifiques appellent les ‘limites planétaires’, les ‘seuils environnementaux’ et les ‘points de basculement’. La priorité devrait être accordée aux défis auxquels l’environnement marin fait face aujourd’hui et à ‘l’économie bleue’ [la gestion durable des ressources marines]".

Le comité recommande par ailleurs que les connaissances disparates sur un éventail de questions, comme les changements climatiques, le développement, l’énergie, l’alimentation et l’agriculture, la santé, et l’eau, soient réunies dans un nouveau rapport sur les perspectives mondiales de développement durable.

Un tel rapport intégrerait les informations et les analyses, tout en "poussant les responsables d’un large éventail d’organisations internationales à travailler ensemble, à confronter leurs analyses et hypothèses sur l’avenir, à attirer des experts extérieurs — dont les meilleurs conseillers scientifiques disponibles — et à consulter les gouvernements".

Les recommandations ont été bien accueillies par le Forum des parties prenantes, un groupe de pression de la société civile activement engagé dans les préparatifs de Rio+20.

Dans un communiqué de presse, le forum a jugé que le rapport du comité, "devrait être lu comme un modèle de ce qui pourrait être réalisé à Rio et comme un appel à l’action, bien qu’il soit aussi destiné à être utilisé au-delà de Rio+20".

Pour Farooq Ullah, responsable de la politique et de la sensibilisation au sein du Forum des parties prenantes, "le développement de notre compréhension des limites de la Terre et de son état de santé général est vital pour notre avenir durable. Il doit également être appuyé par la création d’institutions comme un Groupe d’experts intergouvernemental sur le développement durable, et, par la nomination d’un conseiller scientifique en chef auprès du secrétaire général de l’ONU".

L’importance de la science a aussi été soulignée dans un discours prononcé par Sha Zukang, secrétaire général de la Conférence Rio+20, lors des discussions initiales sur le projet de document final de Rio+20 qui ont eu lieu la semaine dernière (25-27 janvier) à New York.

Sha a présenté une liste de résultats "indispensables" auxquels doit parvenir Rio+20, dont une liste d’objectifs de développement durable (ODD) pour succéder aux Objectifs de développement du millénaire au moment de leur arrivée à échéance en 2015.

Pour atteindre les ODD, un cadre d’action solide serait nécessaire, a-t-il affirmé, dont la mobilisation de ressources financières ; la coopération en matière de technologie et son transfert ; le renforcement des capacités ; la participation de toutes les parties prenantes à sa mise en œuvre, notamment par le biais de partenariats novateurs ; la mise de la science, de l’éducation et de l’innovation au service du développement durable.

Gisbert Glaser, conseiller principal au sein du Conseil international pour la science, s’est félicité du discours de Sha.

S’exprimant lors des discussions à New York la semaine dernière, il a jugé qu’une "base scientifique et technologique beaucoup plus solide sera fondamentale pour sortir du ‘statu quo’ dans le domaine du développement durable. Rio+20 doit tracer une voie vraiment différente".

Lien vers le rapport intitulé : ‘Resilient People, Resilient Planet: A Future Worth Choosing’  [922kB]

Lien vers l’ébauche zéro du document final de Rio+20  [92kB]

Le présent article fait partie de notre couverture de Science à Rio+20.