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L’une des options communes que l’on a pu retenir des allocutions des chefs d’Etats d’Afrique à l’occasion de la COP 21 est que face aux changements climatiques le continent préfère l’adaptation, plutôt que l’atténuation ; puisqu’il a une part insignifiante dans l’émission des gaz à effet de serre.
 
Mais, ce qu’on n’a pas mentionné jusque-là est que cette démarche d’adaptation est déjà entreprise dans certaines communautés du continent ; à l’instar du village Daga Birame, situé dans la région de Kaffrine, au centre du Sénégal.
 
A la faveur d’un programme piloté par l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) en collaboration avec d’autres partenaires comme le Climate change agriculture and food security (CCAFS), les populations de ce village se préparent déjà aux conditions climatiques qui les attendent dans trente ans.
 
Le programme consiste à mettre en relation les habitants d’une localité A avec ceux d’une localité B considérée comme l’analogue climatique de la localité A.
 
Les chercheurs ayant au préalable établi que la localité B connaît actuellement les conditions climatiques qui seront celles de la localité A dans trente ans.
 
Diaminatou Sanogo, chercheur au Centre national de recherches forestières (CNRF), un établissement de l’ISRA, explique la procédure d’identification de l’analogue climatique d’une région donnée.
 
"C’est sur la base des données climatiques et d’un modèle climatique existant, dit-elle. Lorsqu’on introduit dans le modèle les données climatiques telles que les températures, la pluviométrie, etc., le modèle tourne et représente, sur une carte, les sites analogues de la localité en question, à travers le monde entier".
 
Pour le cas de Daga Birame, l’analogue climatique le plus proche était Linguère, une localité située dans le nord du Sénégal, beaucoup plus aride.
 
Pour cette opération qui consiste à préparer des villages dits climato-intelligents, une plateforme a vu le jour, composée des institutions partenaires et des habitants de cette communauté.
 
Lorsque nous sommes allés à Linguère, "nous avons surpris de constater par exemple que les coques d’arachides que nous avons l’habitude de jeter y sont transformées, par exemple pour préparer de la nourriture pour le bétail", indique Ramatou Diouf qui était du voyage.
 
Revenus dans leur village, les représentants des habitants de Daga Birame ont décidé de changer leurs habitudes.
 
Par exemple, ils ont pris la résolution de ne plus couper les baobabs et de mettre en place des "parcelles de domestication" pour faire de l’agroforesterie.
 
En outre, ils ont encouragé les femmes à s’impliquer dans un programme baptisé "une femme, un arbre fruitier".
 
Face à la rareté de l’eau, le village a opté pour un système d’irrigation consistant à placer un bidon plein d’eau au pied de chaque jeune arbre ; Un petit trou à la base du récipient permettant à l’eau de s’écouler lentement pour alimenter la plante.
 
"Le bidon se vide au bout de douze à quatorze jours. Cette technique nous permet de réduire les va-et-vient, parce qu’on puise de l’eau presque à un kilomètre dans un puits de quarante mètres de profondeur", explique Dominique Manga, un habitant du village.
 
Diaminatou Sanogo qui suit l’ensemble de cette opération pour le compte de l’ISRA décrit ici comment fonctionne concrètement un tel village climato-intelligent.