30/11/15

Le rythme du réchauffement climatique se décide à Paris

Climate Change Placard
Crédit image: Flickr / Oxfam International

Lecture rapide

  • 195 pays se retrouvent pour limiter l’émission des gaz à effet de serre (GES)
  • Vu les contributions nationales, la réduction des GES est désormais l’affaire de tous
  • L’Afrique espère que l’accord contraindra les pays riches à respecter leurs engagements

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C’est ce lundi, 30 novembre, que s’ouvre à Paris (France) la 21ème Conférence des parties (COP21) qui est un événement qui rassemble tous les ans les 195 pays (parties) qui désirent agir pour stopper le réchauffement climatique.
 
Cette rencontre est qualifiée de "cruciale" "parce qu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous, pour maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C" d’ici 2100, peut-on lire sur le portail web de cet événement.
 
Car, l’accord de Paris sera le premier document global contraignant en matière de réduction du réchauffement climatique ; plus que le protocole de Kyoto qui, lui, s’adresse uniquement aux pays développés.
 
Selon la documentation de COP21, la valeur de 2°C a été retenue parce qu’il s’agit du niveau de réchauffement de la température au-dessus duquel les conséquences seraient presque intenables, avec une fonte des glaces qui entraînerait une élévation du niveau des océans, la disparition de certains territoires insulaires et davantage de catastrophes naturelles.
 
Ainsi, jusqu’au 11 décembre prochain, les parties vont négocier pour aboutir à l’adoption d’un texte dont la mouture a été préparée à la faveur de plusieurs rencontres de négociations qui ont eu lieu depuis environ un an à travers le monde.
 
La première session de négociations à ce sujet a eu lieu du 8 au 15 février 2015 à Genève (Suisse), avec pour document de travail les éléments produits au terme de la COP20 qui s’est tenue du 1er au 14 décembre 2014 à Lima au Pérou.
 
La quatrième et dernière session avant la COP21 a eu lieu du 19 au 23 octobre 2015 à Bonn en Allemagne ; et c’est à cette session qu’a été arrêté le texte final qui sera au centre des négociations pendant les 11 prochains jours à Paris.
 
"Nous avons maintenant un texte qui appartient aux Parties, qui est équilibré et complet. Le défi pour les gouvernements est de le ramener à une structure beaucoup plus concise, claire et cohérente en vue de son adoption à Paris", avait commenté Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC au terme de la rencontre de Bonn.
 
De son côté, Laurence Tubiana l’ambassadrice française pour les changements climatiques déclarait que "nous avons un texte gérable pour la poursuite des travaux à Paris. Bien que beaucoup de travail reste à faire, le texte est une bonne base pour les négociations et les négociations doivent commencer dès le premier jour de la conférence".
 

Plan d’action national

 
Parallèlement à ces négociations, chaque pays-partie à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) avait jusqu’au 1er octobre 2015 pour déposer auprès de la CCNUCC son plan d’action pour la réduction des gaz à effet de serre.
 
Au 28 novembre dernier, 183 des 195 pays membres de la CCNUCC avaient déposé leurs plans d’action ; ce qui couvre 95% des émissions de gaz à effet de serre enregistrés en 2011.
 
Il est à noter que les dix principaux pays pollueurs font partie des pays ayant déposé leurs plans d’action ; en l’occurrence la Chine, les États-Unis, l’Europe (une contribution unique pour les 28 États membres), l’Inde, la Russie, le Japon, la Corée du Sud, le Canada, l’Iran et l’Arabie Saoudite.
 
Cette démarche parallèle a abouti à la publication le 30 octobre 2015 d’un rapport de synthèse de la CCNUCC sur les contributions nationales.
 
"La CCNUCC a étudié l’impact de 146 contributions nationales. En l’état, la trajectoire mondiale des émissions de GES dessinée par les contributions publiées nous situerait en 2030 sur une trajectoire menant à environ 3°C à la fin du siècle, comprise entre 2,7 et 3,5°C. Le scénario du pire, avec un réchauffement proche des 4,5 voire 6°C, qui correspond aux trajectoires actuelles d’émissions et jusqu’ici considéré par les scientifiques comme le plus probable, s’éloigne", indique le portail de la COP 21.

“Nous avons maintenant un texte qui appartient aux Parties, qui est équilibré et complet. Le défi pour les gouvernements est de le ramener à une structure beaucoup plus concise, claire et cohérente en vue de son adoption à Paris”

Christiana Figueres
secrétaire exécutive, CCNUCC

Selon les organisateurs de la conférence, les idées qui se dégagent de l’ensemble de ces contributions nationales sont entre autres le fait que "les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la gestion durable des forêts sont à l’honneur" et "la maîtrise des émissions devient l’affaire de tous".
 
C’est la preuve que les changements climatiques et leurs effets sur le quotidien de l’humanité ne laissent plus personne indifférent depuis bientôt quarante ans que le monde en a pris conscience.
 
C’est en effet et 1979 qu’eut lieu à Genève (Suisse) la première conférence mondiale sur le climat, avec le lancement d’un programme de recherche climatologique mondiale.
 
En 1988 suivit la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) chargé d’évaluer les connaissances et les conséquences du changement climatique.
 

Protocole de Kyoto

 
En 1990, un rapport du GIEC confirma l’existence du réchauffement climatique dû à l’activité humaine. Ce rapport entraina la signature de la CCNUCC en 1992 lors du sommet de Rio de Janeiro au Brésil.
 
Après l’entrée en vigueur de la CCNUCC en 1994 suite à sa ratification par 195 Etats, les premiers engagements des pays développés (exception faite des Etats-Unis et de l’Australie) à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre furent pris à la faveur du protocole de Kyoto (Japon) signé en 1997 et entré en vigueur en 2005.
 
C’est finalement en 2009 à Copenhague (Danemark) qu’est validé l’objectif commun de limiter le réchauffement climatique à 2°C.
 
A cette occasion, les pays développés avaient pris aussi l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars ( environ 55 000 milliards de FCFA) par an à partir de 2020 en faveur des pays sous-développés pour les aider à faire face aux changements climatiques.
 
Car, si avec à peine 4% des émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique est le continent qui contribue le moins au réchauffement de la terre, elle est paradoxalement celui qui en souffre le plus.
 
Seulement, cet objectif n'est pas encore sûr d'être atteint. Un rapport publié en octobre 2015 par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et le Think tank Climate Policy Initiative sur les financements climat indique par exemple que ce sont 65 milliards de dollars qui ont été mobilisés en 2014.
 
Aussi l’objectif commun des pays africains au cours de la COP 21 est-il d’amener les pays industrialisés, responsables de l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre, à respecter ces engagements.