15/10/10

Pessimisme du porte-parole pour l’Afrique sur le climat au sujet de Cancun

Selon Zenawi, on ne parviendra pas à un accord contraignant sur le climat Crédit image: Flickr/aloshbennett

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[ADDIS ABEBA] Les prochaines discussions internationales sur le climat 'seront un échec total' selon le porte-parole principal pour l'Afrique sur les changements climatiques.

Meles Zenawi, premier ministre éthiopien et coordonnateur du Comité des dix Chefs d'Etat et de gouvernement africains sur les changements climatiques a déclaré que ni les discussions de cette année à Cancun, au Mexique, ni celles de l'an prochain en Afrique du sud ne déboucheront sur un accord conforme aux objectifs fixés pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre.

Ses déclarations ont suscité la colère de certains critiques qui les considèrent comme une atteinte portée à la position de l'Union africaine sur les changements climatiques.

En sa qualité de porte-parole de l'Union africaine, les propos de Zenawi ont été mal perçus et contribueront à conforter davantage dans leur position ceux qui en Occident sont opposés à un accord ayant force contraignante sur les changements climatiques, a déclaré Dorothy Amwata, chercheuse au South Eastern University College, au Kenya, à SciDev.Net.

"S'il n'y a aucune chance de succès à Cancun et en Afrique du sud, alors à quoi sert-il d'organiser des forums consultatifs en Afrique en dépensant les fonds publics et ceux des bailleurs?", s'est demandée Amwata, qui a contribué à l'élaboration du programme global sur les changements climatiques de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement (CMAE). "C'est étrange que [Zenawi] soit si pessimiste alors que c'est lui qui dirige ce processus".

Zenawi s'exprimait ainsi cette semaine (13 octobre) lors du Dialogue de haut niveau sur la gouvernance et la réponse des dirigeants aux changements climatiques au septième Forum sur le développement de l'Afrique (12-15 octobre). Il a également déclaré à cette occasion que les pays développés ne prenaient pas au sérieux la recherche d'un accord global sur les changements climatiques.

La 15ème session de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 15) qui s'est tenue à Copenhague l'an dernier a déçu de nombreuses personnes qui s'attendaient à ce qu'on parvienne à un document ayant force contraignante qui réduirait davantage les émissions des gaz à effet de serre et succéderait au protocole de Kyoto.

L'Accord de Copenhague sur le climat, qui a sanctionné les discussions, était plutôt une "déclaration d'intention" non contraignante, et a donné un peu d'espoir quant à la mise en place  de modèles économiques fondés sur des énergies propres et l'aide des pays les plus vulnérables à s'adapter aux effets des changements climatiques, mais a laissé de nombreuses de questions en suspens.

Les délégués du monde entier continueront à œuvrer pour un accord global sur le climat à la conférence COP 16 de cette année à Cancun, et à la COP 17 de l'an prochain, en Afrique du Sud.

Zenawi a attribué l'absence d'un accord contraignant au public "non averti" des pays développés qui pousse ses dirigeants à se sentir "mal à l'aise" pour prendre les " décisions bonnes et courageuses sur le réchauffement global".

Mais Jato Sillah, le ministre gambien des forêts et de l'environnement, a déclaré à SciDev.Net que l'Afrique avait également sa part de responsabilité dans l'absence d'un accord sur le climat. "Quand nous allons à des négociations, nous avons une position commune, mais quand il faut prendre la parole nous adoptons des positions divergentes", a-t-il dit.

L'Afrique doit dépasser ce "manque de leadership mondial" et faire preuve de leadership, a déclaré Zenawi.

Des appels exhortant l'Afrique à parler d'une seule voie à la COP 16 à Cancun ont été entendus tout au long de la conférence dans la bouche de Jean Ping, du président de la Commission de l'Union africaine de l'ancien président botswanais Festus Mogae et du président éthiopien, Girma Wolde-Giorgis, qui ont officiellement ouvert le forum.

"Pour que l'Afrique soit entendue et prise au sérieux, il ne lui suffit désormais plus de parler d'une seule voie — nous devons être prêts à mettre nos propres contributions sur la table, en termes de financements et d'idées concrètes", a poursuivi Zenawi.

Amwata a laissé entendre que Zenawi et d'autres dirigeants africains devraient indiquer clairement leurs solutions de rechange pour permettre d'atténuer les impacts des changements climatiques et aux personnes pauvres et vulnérables affectées par ce phénomène en Afrique de s'adapter.