03/05/12

Les pays tropicaux ont du mal à mettre en œuvre le mécanisme REDD+

Pour une meilleure surveillance de la déforestation, il faut renforcer les capacités et promouvoir l'accès aux technologies Crédit image: Flickr/Papa Goiaba

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Selon les conclusions d’une étude récente, la plupart des pays tropicaux ont du mal à surveiller et rendre compte de leurs émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation, et auront besoin d’un appui extérieur pour mettre en œuvre le mécanisme REDD+ des Nations Unies.

La Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD) a pour but de compenser les pertes de forêts et les émissions connexes de carbone en affectant une valeur financière au carbone stocké par les forêts.

Le mécanisme REDD+, créé à Cancun en 2010, et ajoute au mécanisme REDD existant des volets de conservation, de gestion durable des forêts et d’augmentation des capacités de stockage par les forêts.

Or, selon un article publié dans l’édition de mai/juin de Environmental Science and Policy, de nombreux pays rendant volontairement compte de la mise en œuvre du mécanisme REDD+ ne disposent pas des capacités d’utiliser des technologies clés comme la télédétection par satellite pour surveiller la déforestation et les émissions de carbone.

En classant les pays tropicaux en développement en fonction de leurs capacités à mettre en œuvre le mécanisme REDD+, l’étude conclut que très peu de pays ont amélioré leur évaluation des capacités entre 2005 et 2010, et certains comme le Burkina Faso et le Mozambique ont même plutôt vu leurs capacités diminuer.

Les pays africains suscitent le plus d’inquiétudes, notamment parce que les mauvaises connexions Internet et l’insuffisance de la couverture satellitaire limitent l’accès aux données. Dans le même temps, les pays montagneux comme l’Equateur ou le Pérou doivent relever des défis d’ordre technique dans l’analyse des images satellitaires dans les zones où l’altitude varie considérablement.

Sur les 99 pays analysés, seuls quatre Etats – l’Argentine, la Chine, l’Inde et le Mexique – ne connaissent que de très modestes insuffisances de capacités. Ces pays ont également pu augmenter leur couvert forestier total entre 2005 et 2010, contrairement aux pays confrontés aux plus grosses difficultés où des pertes nettes de forêts ont été enregistrées au cours de la même période.

L’étude recommande au premier groupe de pays de jouer le rôle de conseillers en matière d’activités de renforcement des capacités sud-sud et de collaboration régionale propres à réduire le coût de l’accès, la transformation et l’analyse des données de télédétection.

L’étude recommande en outre à la communauté internationale d’investir dans l’amélioration de l’accès aux données satellitaires, surtout dans les pays d’Afrique centrale et d’Amérique centrale. La surveillance des feux de forêts, ainsi que des zones vulnérables dont le stock de carbone est élevé, comme les tourbières tropicales d’Asie du sud-est menacées par la culture du palmier à huile et des plantations de bois à pâte, est également identifiée comme priorité.

Louis Verchot du Centre international de recherche forestière de Bogor en Indonésie et coauteur de l’étude, demande que des actions soient entreprises immédiatement pour trouver des solutions au déficit de capacités.

Pour lui, cibler les efforts dans les pays souffrant de tels déficits pourraient générer des gains considérables.

‘Nous avons publié les conclusions de l’étude pays par pays, afin d’aider les investisseurs à définir les priorités et contribuer au ciblage des différents types d’intervention’, souligne-t-il.

Selon Nirarta Samadhi du groupe de travail REDD+ de l’Indonésie, l’étude apporte des éclaircissements sur le meilleur moyen de développer une stratégie stable de réduction des émissions pour le mécanisme REDD+. La publication met ainsi en lumière des détails importants sur les déficits de compétences qui s’avèreront très utiles pour les bailleurs de fonds internationaux.

Lien vers le résumé de l’article dans Environmental Science and Policy

Références

Environmental Science and Policy doi: 10.1016/j.envsci.2012.01.005 (2012)