16/02/09

Avec la hausse de CO2, les changements climatiques seront ‘plus sévères’

Les émissions de carbone augmentent à un rythme stupéfiant de 3,5 pour cent chaque année Crédit image: US Lawrence Berkeley National Laboratory

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[CHICAGO] Les émissions de carbone ont dépassé les prévisions de la plupart des climatologues, si l'on en croit l'un des principaux membres du Groupe d'Experts intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC).

Pour Christopher Field, l'un des principaux auteurs du quatrième rapport d'évaluation du GIEC publié en 2007, les émissions ont atteint un niveau bien plus élevé que les pires scénarios envisagés précedemment.

'Par conséquent, l'impact des changements climatiques sera probablement plus grave et plus diversifié,'  a-t-il précisé la semaine dernière (14 février) devant l'assemblée annuelle de l'Association américaine pour l'Avancement de la Science (AAAS) à Chicago aux Etats-Unis.

Selon Field, le rythme d'augmentation des émissions qui était 0,9 pour cent par an entre 1990 et 1999, est passé à niveau 'stupéfiant'  de 3,5 pour cent par an depuis 2000.

Il attribue en grande partie cette forte hausse aux pays en développement comme la Chine et l'Inde qui ont rapidement accru leur production d'électricité, en faisant recours surtout au charbon.

Si ces pays continuent à utiliser le charbon et d'autres sources d'énergie à forte intensité de carbone pour satisfaire leurs besoins énergétiques, cette tendance ne peut que se maintenir, remarque Field, qui est par ailleurs Directeur de l'écologie globale au Carnegie Institution de Washington aux Etats-Unis.

'Nous allons vers un climat futur qui n'a rien à voir avec tous les modèles que nous avons envisagés par le passé,' a-t-il ajouté.

Depuis création par les Nations Unies en 1988, le GIEC a produit quatre rapports d'évaluation portant sur l'état de la recherche sur les changements climatiques anthropiques. Pour son quatrième rapport, le Groupe s'est appuyé sur des modèles dont l'élaboration remonte à l'an 2000.

Or, outre la sous-estimation des futures émissions de carbone, ces modèles ne reflétaient pas les complexités des effets des forêts tropicaux, des cycles de l'océan et de la fonte du permafrost arctique, explique Field.

Des modèles plus récents montrent comment les concentrations du dioxyde de carbone dans l'atmosphère pourraient augmenter, du fait de l'exploitation ou la destruction par le feu des forêts tropicales, tendance risquant de s'accentuer puisque ces forêts s'assèchent à cause des changements climatiques.

"Il devient de plus en plus évident qu'au fur et à mesure que la planète se réchauffe, beaucoup de régions couvertes de forêts qui ont longtemps joué le rôle de puits à carbone pourraient devenir des sources de carbone," a-t-il expliqué.

D'autres études récentes montrent que le réchauffement de la planète a modifié le régime des vents dans l'Océan antarctique, ce qui à son tour réduit la capacité de la mer à absorber l'excès de dioxyde de carbone contenu dans l'atmosphère.

Plus grave encore à court terme, de nouvelles estimations permettent de chiffrer la quantité de carbone contenue dans les sols du permafrost arctique. En se réchauffant, la région pourrait libérer des milliards de tonnes de carbone dans l'atmosphère.

'Il existe un aspect cercle vicieux à la fois au dégel de la toundra et au rejet du carbone par les forêts tropicales, mais le quatrième rapport du GIEC n'a étudié aucun de ces phénomènes dans le détail. Ceci est simplement dû au fait que ces phénomènes n'étaient pas bien compris à cette époque.'