23/11/10

‘Un aliment miracle’ progresse au Moyen-Orient

La spiruline : ingrédient gastronomique en Occident, ou source alimentaire nutritive pour les pays en développement ? Crédit image: Flickr/SweetOnVeg

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Une micro-algue nutritive d’un bleu verdâtre, connue sous le nom de ‘spiruline’, a été ajoutée aux repas des cantines scolaires en Jordanie pour lutter contre la malnutrition chronique et l’anémie chez les enfants.

Près d’un enfant sur dix en Jordanie souffre de malnutrition chronique, ou d’une carence protéique ou énergétique de longue durée, tandis qu’un tiers d’entre eux sont anémiques, selon une étude réalisée par le ministère jordanien de la statistique rendue publique en mars dernier.

L’Institution intergouvernementale pour l’utilisation de la micro-algue spiruline contre la malnutrition (IIMSAM), doté d’un statut d’observateur auprès du Conseil économique et social des Nations unies, affirme que la spiruline est riche en protéines et en vitamine B, et contient du bêta-carotène permettant de résoudre les problèmes oculaires causés par carence en vitamine A. La consommation d’une cuillère à soupe par jour de cette micro-algue peut empêcher l’anémie ferriprive, la carence en minéraux la plus courante.

Selon l’IIMSAM, un programme pilote d’alimentation mis en œuvre dans deux écoles Kenyanes d’avril 2009 à avril 2010 a permis de guérir 1350 élèves souffrant de malnutrition. Le Programme alimentaire mondial estime que 22 pour cent des enfants de moins de cinq ans au Kenya souffrent de malnutrition, un pourcentage sensiblement supérieur aux 15 pour cent que l’Organisation mondiale de la santé utilise comme seuil pour décrire une situation d’urgence.

Pour Naseer S. Homoud, directeur du Bureau Moyen-Orient de l’IIMSAM, la spiruline a un rôle à jouer dans la lutte contre la malnutrition, surtout chez les enfants, notamment au vu des "faibles coûts d’exploitation, la spiruline pouvant être cultivée même sur des terres infertiles, et sans grands besoins en eau".

"Les changements climatiques sont en train d’affecter nos modes traditionnels de production alimentaire – nous avons donc dû identifier des sources non conventionnelles de nutrition", explique le ministre jordanien de l’agriculture, Mazen Khasawneh, qui s’est néanmoins refusé à tout commentaire sur l’essai de la spiruline. "Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une expérience réussie ou non, a-t-il dit.

Selon les premières indications, les enfants les plus jeunes à l’école primaire n’apprécient pas les repas scolaires auxquels de la spiruline a été ajoutée. L’écolier Khaled Sarhan dit qu’au début, il n’aimait pas le goût des biscuits contenant de la spiruline distribués à l’école, mais "après que mon maître m’ait dit combien ils sont utiles, je me suis habitué au goût après deux ou trois jours".

Pour Ahmed Khorshed, professeur d’industrie des aliments au Centre de Recherche en Agriculture, en Egypte, "le goût amer de la spiruline sera le principal obstacle pour étendre de son utilisation chez les enfants, mais le fait de l’ajouter à d’autres aliments, comme les biscuits, pourrait résoudre partiellement ce problème de saveur".

Le projet fera un rapport au ministre de l’agriculture d’ici juin 2011. En cas de succès, les repas à la spiruline connaîtront une expansion et pourraient être adoptés ailleurs au Moyen-Orient.

"L’Egypte sera notre prochain pays", explique le directeur général de l’IIMSAM, Remigio Maradona.