09/09/08

Les pays doivent se préparer à subir des cyclones et s’adapter à leurs effets

Abri anticyclonique au Bangladesh Crédit image: Harry M. Jol, University of Wisconsin

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Pour Saleemul Huq, se préparer au passage des cyclones peut sauver des vies, mais pour préserver leurs moyens de subsistance, les pays doivent également aider les populations à s’adapter aux conséquences de ces cyclones.

Etablir un lien entre la prévention à court terme des catastrophes et les stratégies à long terme pour s’adapter au changement climatique offre d’importantes synergies aux acteurs vulnérables du monde en développement.

Ceci est particulièrement vrai pour les pays touchés par les cyclones tropicaux. Bien que le changement climatique ne provoquera pas nécessairement davantage de cyclones, il est prouvé que l’augmentation des températures à la surface des mers accroîtront leur violence.

Les personnes qui souffrent le plus des effets des cyclones sont les plus pauvres et les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les populations indigènes. Ceci est vrai même dans les pays riches, comme l’ouragan Katrina l’a démontré en 2005 ,où plus de 1000 personnes – des pauvres pour la plupart – sont mortes à la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, en dépit des avertissements sur le passage de cet ouragan plusieurs jours avant qu’il ne frappe cette ville.

La préparation peut sauver des vies

Une préparation effective aux catastrophes peut réduire considérablement le nombre de morts et limiter les effets globaux de tels évènements. Et parce que le monde en développement fait fréquemment face aux cyclones, de nombreux pays y sont de plus en plus préparés et savent réduire leurs risques.

Le Bangladesh, par exemple, a appris de manière empirique que les investissements dans la prévention des catastrophes peuvent sauver de nombreuses vies humaines lors d’un cyclone.

En 1971, un cyclone a fait plus de 300 000 victimes et en 1991, un autre de la même intensitéa tué plus de 130 000 personnes. Depuis lors, les donateurs internationaux, les organisations non gouvernementales (ONG), des individus et le gouvernement du Bangladesh ont construit plusieurs centaines d’abris anticycloniques le long de la zone côtière. Chaque abri a été construit suivant un modèle type, tels les bâtiments à usages multiples – comme un établissement scolaire ou un centre communautaire – aux endroits les plus vulnérables. Tandis que le cyclone Sidr se dirigeait vers la côte en novembre 2007, près de deux millions de personnes, quiont été prévenues par la radio, la télévision et par l’intermédiaire d’un réseau de plusieurs milliers de volontaires du gouvernement, d’ONG et du Croissant Rouge, ont trouvé refuge dans ces abris. Malgré le décès de 3000 personnes, cette organisation est un exemple à suivre en matière de prévention des catastrophes.

La plupart de ceux qui ont trouvé la mort lors du passage du cyclone Sidr étaient des pêcheurs qui se trouvaient hors de leurs barques, qui n’ont pas écouté les avertissements ou n’ont pas pu regagner la rive à temps. Le nombre de décès peut être réduit dans l’avenir. L’utilisation d’un système d’alerte plus rapide peut permettre de s’assurer que ces alertes parviennent rapidement aux communautés de pêcheurs et la mobilisation des garde-côtes permettrait de les conduire en lieu sûr le plus rapidement possible.

Si les systèmes de prévision météorologique avancée et la construction d’abris renforcés peuvent permettre de protéger des vies lors d’un cyclone, ils ne peuvent en revanche empêcher les dommages causés aux cultures, maisons et infrastructures, telles que les routes. Les pertes économiques et les pertes en matière de moyens de subsistance restent élevés.

S’adapter et non réagir

Il ne suffit pas d’être préparé pour faire face à une catastrophe. Les pays susceptibles d’être touchés par des cyclones à l’avenir ont besoin d’un cadre à plus long terme qui permette de renforcer la capacité des populations locales à s’adapter à de tels évènements.

Les populations mettent déjà en oeuvre des stratégies d’adaptation locales indépendamment des hautes autorités – Ainsi, dans le district de Gpalganj, dans le centre du Bangladesh, les populations s’adaptent aux inondations en semant leurs cultures sur des radeaux flottants constitués de jacinthes d’eau. Celles-ci peuvent survivre à plusieurs pieds sous les eaux des crues.

Toutefois, la capacité d’adaptation à des cyclones plus violents doit également être analysée dans le cadre des plans d’adaptation de niveau d’ensemble au changement climatique.

Au Bangladesh, les organismes donateurs tels que le Programme des nations unies pour le développement et le Britain’s Department for International Development ont aidé le gouvernement à inscrire l’adaptation au changement climatique dans son programme global de gestion des catastrophes.

Ce programme contribue à identifier les effets probables à long terme du changement climatique au moyen des modèles de changement climatique et de l’identification des zones et des populations les plus vulnérables. Il aide également les communautés les plus vulnérables à réfléchir aux mesures d’adaptation à long terme grâce aux conférences et ateliers organisés par des ONG. De telles mesures pourraient même inclure les questions migratoires – mais une telle initiative doit être prise avec beaucoup de prévoyance. La solution est de prévoir le changement, plutôt que d’y réagir.

Il y existe un lien naturel entre la préparation aux catastrophes naturelles et l’adaptation au changement climatique, en particulier aux catastrophes liées au climat telles que les cyclones et les ouragans. Toutefois, pour en tirer le meilleur parti, les communautés qui s’efforcent de réduire les risques découlant des catastrophes doivent collaborer avec les scientifiques travaillant sur le changement climatique et les groupes d’action à travers le monde.

Tous les acteurs, aussi bien les gouvernements, que les agences internationales ou les communautés locales, doivent centrer leurs efforts sur les plus pauvres et les plus vulnérables, ces derniers étant les plus exposés aux effets du changement climatique.

Saleemul Huq est le chef du groupe sur le changement climatique à l’Institut international pour l’environnement et le développement.