29/03/11

Il faut davantage recourir à la science dans la gestion des catastrophes

Les catastrophes à évolution lente comme les famines surviennent souvent sans être prédites Crédit image: FlickrOxfam

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[LONDRES] La science et la technologie joueront un rôle essentiel dans la prévision des catastrophes et la réponse apportées, selon une revue des pratiques en matière d’assistance humanitaire réalisée par l’un des plus grands organismes nationaux d’aide dans le monde, le Département britannique pour le Développement international (DFID).

Les catastrophes naturelles tuent de plus en plus de gens chaque année, et les catastrophes liées au climat à elles seules devraient toucher 375 millions de personnes chaque année d’ici 2015. Selon la Revue des Réponses aux Urgences humanitaires lancée hier (28 mars), il faut à tout prix développer de nouvelles stratégies de réponse.

"Nous sommes… engagés dans une course entre l’ampleur croissante du défi humanitaire et notre capacité à y faire face", selon Paddy Ashdown, ancien homme politique britannique et président de l’équipe à l’origine du rapport.

"Et pour être tout à fait franc, ce n’est pas une course que nous sommes en train de gagner. Le simple fait d’améliorer ce que nous faisons jusqu’à présent, en améliorant le statu quo, ne sera pas suffisant. Nous devons élaborer de nouvelles stratégies pour relever ces nouveaux défis de grande ampleur".

Le rapport s’articule autour de sept domaines, dont l’un est la prévision des catastrophes, un domaine selon Ashdown où la science pourrait être mieux mise à contribution.

"Une chose est sûre : les prévisions, même si elles sont loin d’être parfaites, sont possibles pour certains pays à haut risque. Pourtant les personnes chargées de la gestion des catastrophes ne font pas recours assez à ces connaissances existantes, et les scientifiques ne produisent pas systématiquement des données pour le public".

Le rapport cite l’exemple des inondations qui ont frappé le Pakistan en 2010.  "La pluviométrie… a augmenté un mois avant que les inondations ne causent les plus gros dégâts. Les conséquences avaient été prévues mais aucune mesure n’avait été prise".

Le rapport estime aussi que trop souvent nous ne prévoyons pas les catastrophes à évolution lente comme les famines, malgré l’existence d’outils comme le Réseau de Systèmes d’Alerte rapide aux Risques de Famine (FEWS-NET), financé par l’agence américaine d’aide internationale, USAID. Or une intervention rapide et ponctuelle dans ce type de catastrophe ne coûte qu’une fraction de la facture d’une intervention tardive.

Dans un autre domaine, des "avancées significatives" ont été réalisées dans la recherche autour des risques sismiques, avec par exemple la localisation des principales lignes de faille et la compréhension des facteurs expliquant que les bâtiments subissent des dégâts. Ces outils de prévision doivent être davantage utilisés. "Dans ce domaine, la science a… considérablement réduit le nombre de décès et l’ampleur des dégâts dans plusieurs pays, mais d’avantage de recherche et d’investissements sont nécessaires pour promouvoir des constructions plus sûres".

Une autre partie du rapport met en lumière l’importance de l’innovation dans la recherche de nouvelles stratégies de réponse aux catastrophes, et affirme que certaines des innovations importantes des 30 dernières années, comme le fait d’utiliser de l’argent en espèces plutôt que des biens lors des opérations de secours, ou les stratégies de thérapie nutritionnelle à l’échelle communautaire, ont vu le jour grâce à une implication plus accrue des communautés affectées.

Le rapport soutient qu’une évolution ‘transformative’ de l’innovation est possible si les capacités du monde en développement dans ce domaine sont exploitées.

Les technologies déjà mises en œuvre et ayant un "potentiel non négligeable" sont, entre autres, l’utilisation des téléphones portables pour le transfert d’argent ; le recours aux satellites pour le suivi des tempêtes et la fourniture d’images pour les opérations humanitaires ; et le crowdsourcing comme moyen d’obtenir l’information auprès des personnes affectées par une catastrophe.

En outre, les nanotechnologies sont des technologies émergentes qui pourraient jouer un rôle important et transformer la médecine, la sécurité de l’eau et l’alimentation, au cours des cinq à dix prochaines années, et la modélisation multi-agents pourrait nous aider à mieux comprendre la propagation des épidémies ou les mouvements de population.