12/04/11

La sensibilisation comme méthode de lutte contre les aflatoxines

Les aflatoxines peuvent affecter plusieurs cultures Crédit image: Flickr/CIAT/Neil Palmer

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[LE CAP] Il a été annoncé lors d'une conférence que les aflatoxines, à savoir des composants toxiques produits par les champignons qui ruinent les récoltes et menacent la santé des êtres humains à travers l'Afrique, pourraient être contrôlées grâce à un éventail de nouvelles technologies.

Le plus grand défi est de mieux les faire connaître des agriculteurs et des consommateurs en Afrique sub-saharienne, où il existe un manque de technologies rentables de prévenir la contamination des récoltes.

Les aflatoxines sont des poisons naturels, produits par diverses espèces d'Aspergillus fungus qui se développent dans des conditions chaudes et humides, et qui affectent donc particulièrement les pays en développement. L'aflatoxine B1, qu'on trouve dans les cultures alimentaires, en particulier dans le maïs et dans l'arachide, est la plus toxique de son genre et elle peut s'accumuler dans les récoltes pendant le processus postérieur à la récolte, à savoir le transport et le stockage.

Jusqu'à 4,5 milliards de personnes sont exposées aux aflatoxines, qui peuvent entraîner plusieurs maladies telles que le cancer du foie chez les êtres humains et une croissance ralentie du bétail.

Gordon Shephard, chimiste analytique et scientifique spécialisé en chef au Medical Research Council (MRC), en Afrique du Sud, et organisateur du colloque MycoRed Africa 2011 sur la toxicologie des champignons qui s'est tenu la semaine dernière (4–6 avril) au Cap, a déclaré à SciDev.Net : "Nous avons raisonnablement une chance de résoudre le problème grâce à une éducation et à des interventions adaptées".

Il a ajouté que les chercheurs ne peuvent pas éradiquer totalement les aflatoxines, mais qu'ils peuvent à tout le moins réduire l'exposition de la population.

George Mahuku, phytopathologiste basé au Mexique, travaillant sur le programme international du Maize and Wheat Improvement Center qui œuvre pour la culture du maïs au Kenya, a déclaré que le groupe réalisait actuellement des échantillons sur le terrain pour identifier les endroits où la plupart des infections apparaissaient afin de pouvoir apporter des techniques rentables et adaptées aux petits exploitants et aux consommateurs.

Clare Narrod, chercheuse en chef à l'Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI), a toutefois déclaré à SciDev.Net que certaines méthodes de contrôle utilisées dans les pays en développement sont coûteuses et ne prennent pas en considération les besoins des petits exploitants et des consommateurs.

L'IFPRI examine également des mesures rentables pour réduire le risque d'exposition aux aflatoxines. Il observe le maïs au Kenya, où 125 personnes sont décédées lors de l'épidémie de 2004.

Les méthodes qui sont examinées incluent le contrôle biologique, l'assèchement des récoltes sur des couvercles en plastique ainsi que l'utilisation de silos en métal.

"Nous disposons peut-être de solutions technologiques, lesquelles en sont encore à une phase expérimentale, mais il est probable que la population ne les adopte pas pour des raisons culturelles ou financières", a déclaré Marites Tiongco, économiste agricole de l'IFPRI menant des recherches sur la manière dont les aflatoxines affectent les moyens de subsistance des agriculteurs, des commerçants et des consommateurs maliens. Elle a indiqué que des recherches supplémentaires devaient être réalisées sur la manière d'adapter les nouvelles technologies aux besoins des autochtones.

Wentzel Gelderblom, chercheur au MRC, a déclaré à SciDev.Net que la solution la plus simple était d'éduquer la population, en particulier dans les zones rurales, sur la manière de gérer ou d'éviter la moisissure des récoltes.

Il a dirigé un programme pilote dans la campagne du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, pour enseigner à un groupe de femmes au foyer comment enlever les graines moisies sur les épis de maïs ou comment les nettoyer dans l'eau. À la suite de cette formation, une réduction de 70–80 pour cent de la contamination du maïs a été constatée.