26/04/11

Des agriculteurs africains seront formés à la lutte contre les parasites

Les herbes à éléphants produisent une substance collante qui piège les pyrales du maïs fraîchement couvées Crédit image: Flickr/ILRI

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[NAIROBI] Une technique agricole ayant recours aux cultures intercalaires pour éloigner les parasites des cultures alimentaires, vient de connaître un nouveau souffle grâce à un programme visant à étendre son utilisation.

La stratégie 'attraction–répulsion' consiste à intercaler la culture de céréales avec des plantations répulsives, entourées par une plante piège qui attire les parasites. Par exemple, le maïs peut être intercalé avec du desmodium, qui éloigne (agit en tant que 'répulsif') les parasites (tels que la pyrale du maïs, des cultures) en l'entourant d'herbes à éléphants, qui attirent (agissent en tant qu' 'appâts') les pyrales du maïs afin qu'elles déposent leurs œufs sur les herbes et non sur le maïs.

Les herbes à éléphants produisent également une substance collante qui piège les pyrales du maïs fraîchement couvées afin que seules quelques unes d'entre elles puissent survivre jusqu'à l'âge adulte.

Depuis sa création en 1997, cette technique a aidé près de 40 000 agriculteurs en Afrique de l'Est. Les récoltes de maïs ont augmenté, atteignant jusqu'à 3,5 tonnes par hectare, ce qui a permis de libérer 300 000 personnes de la faim et de la pauvreté, d'après l'International Centre of Insect Physiology and Ecology.

Ce centre vient de lancer un projet visant à diffuser plus largement cette technique et de trouver de nouvelles plantes permettant de mettre en œuvre cette stratégie 'attraction-répulsion' qui résisteraient à la sécheresse ainsi qu'aux variations de température.

50 000 agriculteurs supplémentaires tireront profit de l'initiative Adaptation and Dissemination of Push–Pull Technology (ADOPT), qui a été lancée le mois dernier (30 mars), dans les zones vulnérables aux changements climatiques en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie. ADOPT a reçu 2,9 millions d'euros (4,2 millions de dollars américains) de l'Union Européenne.

Zeyaur Khan, chercheur en chef du projet, a déclaré à SciDev.Net : "L'attraction-répulsion est une technologie agricole moderne de conservation qui n'a recours ni aux insecticides ni aux pesticides". "Nous espérons que près d'un million de foyers pourra bénéficier de cette technologie d'ici 2020".

Z. Khan et ses collègues ont mis au point cette technologie peu coûteuse en collaboration avec Rothamsted Research, situé au Royaume-Uni, ainsi qu'avec d'autres programmes nationaux basés en Afrique de l'Est.

Remjus Bwana, agriculteur au Kenya, a indiqué que son exploitation était devenue plus productive grâce à cette technologie. "Après avoir adopté cette technologie, j'ai constaté une véritable amélioration", a-t-il déclaré.

Toutefois, tant le desmodium que les herbes à éléphants rencontrent des difficultés dans des conditions arides.

"Nous avons commencé à faire de nouvelles recherches qui nous permettront d'obtenir de nouvelles espèces de plantes attirant et éloignant les parasites, capables de supporter des températures élevées et des conditions de sécheresses dans les zones arides et semi-arides de l'Afrique. Nous récoltons actuellement les graines et les herbes de desmodium dans différentes parties de l'Afrique pour déterminer lesquelles sont les plus résistantes", a précisé Z. Khan.

Ken Giller, phytologue à l'Université de Wageningen, aux Pays-Bas, a toutefois déclaré que les affirmations concernant le système attraction-répulsion étaient exagérées. "Je ne pense pas qu'ils aient déjà pu constater une adoption durable de ce système ; seuls quelques agriculteurs expérimentent cette technologie", a-t-il indiqué à SciDev.Net.

D'après K. Giller, "les changements climatiques en Afrique de l'Est indiquent une tendance vers un climat plus humide et non plus sec". Il a ajouté que des études rigoureuses devraient être réalisées sur l'adoption de ces techniques avant qu'elles ne soient encouragées.