24/07/12

Une étude démontre que les mangroves peuvent retenir les métaux lourds

Les communautés néo-calédoniennes dépendent énormément des écosystèmes de mangroves et des cours d’eau Crédit image: Flickr/sekundo

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[NOUMEA, NOUVELLE-CALEDONIE] Des chercheurs en Nouvelle-Calédonie ont découvert que les forêts de mangrove agissent comme des filtres pour métaux lourds toxiques, en empêchant ces polluants de contaminer les voies navigables des îles.

Les chercheurs, de l’Institut français de recherche pour le développement (IRD), en collaboration avec des partenaires de recherche régionaux — affirment qu’une destruction plus poussée des forêts de mangrove pourrait ainsi conduire à une augmentation de l’émission de métaux lourds dans les cours d’eau incapables de les filtrer, avec pour résultat une contamination affectant la biodiversité locale et l’approvisionnement en eau des communautés locales.

On trouve des fortes concentrations de métaux lourds dans les rivières et les mangroves de Nouvelle-Calédonie, en raison de l’industrie minière dans l’archipel, troisième producteur mondial de nickel abritant 30 pour cent des réserves mondiales.

Cyril Marchand, scientifique de l’IRD et chercheur principal de l’étude, affirme que les mangroves servent de ‘puits’ pour les métaux lourds. Sur une longue période, elles peuvent donc empêcher la propagation des sédiments métalliques nocifs dans les cours d’eau utilisées par les communautés locales.

Les chercheurs ont constaté que les concentrations de métaux lourds étaient 10-100 fois plus élevées dans les cours d’eau en aval des sites miniers que dans celles non affectées par l’exploitation minière.

Marchand explique que près des mines plus anciennes — dont bon nombre sont aujourd’hui abandonnées — la concentration des métaux est particulièrement forte parce que des systèmes de rétention de la sédimentation n’y ont jamais été créé.  

"Les nouvelles mines possèdent généralement un tel système de rétention, ce qui limite le dépôt de métaux dans les mangroves. Toutefois, [ces systèmes] ne sont efficaces que pendant les pluies normales, pas lors d’événements cycloniques," souligne-t-il.

Or les évènements climatiques extrêmes comme les cyclones et les tempêtes tropicales semblent se produire à une fréquence accrue en raison du réchauffement de la planète, favorisent le transport des déchets issus de l’exploitation minière vers les zones côtières.

"A cause de leur toxicité, de leur capacité de bio-accumulation et de leur persistance, les métaux transitoires représentent une menace majeure pour la biodiversité des mangroves ainsi que pour la santé humaine’, affirme le rapport.

Les îles abritent une abondante biodiversité terrestre et marine, avec de nombreuses espèces d’oiseaux et végétales endémiques, avec la biodiversité au kilomètre carré la plus riche de la planète. Les communautés de la région dépendent largement des écosystèmes de mangrove pour leur alimentation et la génération de revenus.

Si les forêts de mangrove sont actuellement prolifiques sur le littoral de la Nouvelle-Calédonie, elles sont progressivement menacées par l’urbanisation envahissante et la croissance démographique.

Les chercheurs sont inquiets à l’idée que cette destruction en cours puisse conduire à l’augmentation des émissions et à la diffusion des polluants accumulés.

La replantation des mangroves pourrait aider à corriger de telles situations. Mais à l’heure actuelle, le rythme de destruction est beaucoup plus élevé que celui de reboisement.

"Quel que soit le degré de reboisement, la vérité est que de plus grandes superficies couvertes de mangroves sont rasées pour laisser place au développement, par rapport à celles qui sont plantées", affirme Ashishika Sharma, qui enseigne l’océanographie et la pollution maritime à l’Université du Pacifique Sud, aux Îles Fidji.   

"Cela, associé à la lenteur du reboisement en raison de la mauvaise compréhension des espèces et du long délai de réacclimatation, fait courir un grave danger à nos zones de mangrove.

La recherche a été effectuée par l’IRD, en collaboration avec l’Université de Nouvelle-Calédonie, Koniambo Nickel SAS et le laboratoire AEL/LEA à Nouméa, l’Université d’Orléans et l’Université de Paris-Sud.

Lien vers l’étude complète [614kB]
Lien vers le résumé de l’étude