02/10/14

Une nouvelle espèce de papillon découverte au Nigeria

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Crédit image: Flickr/ ComputerHotline

Lecture rapide

  • Les deux espèces de papillon ont été découvertes dans la réserve de Rhoko, dans le Cross River, au Nigeria
  • L'Institut africain de recherche sur le papillon, à Nairobi, au Kenya, a confirmé que ces espèces étaient inconnues à ce jour
  • Les chercheurs lancent un appel pour la protection des forêts africaines, véritable vivier de la biodiversité

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Deux chercheurs, Sáfián Szabolcs et Deni Bown, respectivement de l’Institut de sylviculture et de la protection des forêts de l’Université de West Hungary et de l’Institut international d’Agriculture tropicale (IITA) ont découvert une nouvelle espèce de papillon dans la réserve forestière de Rhoko, dans l’Etat de Cross River, dans le sud-est du Nigeria.

Les chercheurs affirment que c’est lors d’une visite dans cette forêt réservée pour la conservation des primates dans leur habitat forestier, afin de comparer les plantes et les papillons avec ceux enregistrés dans la réserve forestière de l'IITA, similaire à celle de Rhoko, de type Guinée-Congo, que cette nouvelle espèce de papillon a été découverte. 

Deux spécimens de l’espèce, nommée Neurellipes rhoko (Lycaenidae), repérés en plein vol, ont été collectés et examinés à l'Institut africain de recherche sur le papillon, à Nairobi, au Kenya. Les différentes comparaisons à leurs parents potentiels ont révélé qu’il s’agit d’une espèce nouvelle et unique.

De petite taille (16 à 18 mm), noir et orange sur le dessus, blanchâtre avec des stries gris en dessous, cette espèce de papillon, de moins d’un gramme, a une aile antérieure aiguë au sommet, voire triangulaire et un aile postérieure arrondie, selon les détails de la découverte, publiés dans l’édition du mois dernier de Zootaxa, une revue scientifique entièrement dédiée à la taxonomie zoologique, qui a validé la découverte.

Mais Deni Bown, chargé de projet forêt à l’IITA a expliqué à SciDev.Net qu’à l'heure actuelle, que les chercheurs ne savaient pas grand-chose sur la biologie de cette nouvelle espèce, susceptible d'être identique à celle d'autres espèces apparentées.

"Le mâle et la femelle se rencontrent probablement sur la cime des arbres dans la forêt, ils jouent certainement ensemble, battant des ailes, peut-être volent aussi ensemble pendant la parade nuptiale. Lorsque la femelle est convaincue que le mâle est un bon partenaire pour la reproduction, ils se connectent à la base de l'abdomen et le mâle féconde les gamètes de la femelle. Après maturation, la femelle pond ses œufs individuellement sur la plante alimentaire, qui pourrait être un arbre ou une espèce d'arbuste, mais nous ne savons pas", explique Deni Bown. 

"Après l'éclosion, les larves (chenilles) développées pendant des semaines ou des mois, se nourrissent des feuilles et/ou de fleurs de la plante. Quand elles ont atteint la taille normale, elles se transforment en pupes et à l'intérieur de la pupe, le corps du papillon de la prochaine génération se développe. Dans les forêts tropicales, de nombreuses générations peuvent se développer en une seule année", ajoute-t-elle.

Indicateurs d'un environnement sain et des écosystèmes

Les papillons sont très utiles pour la nature et pour la vie humaine. Ils constituent des indicateurs d'un environnement sain et de l'état des écosystèmes.

"Beaucoup de papillons sont d’importants pollinisateurs, et sans papillons (et autres insectes pollinisateurs) les fruits et plusieurs cultures ne peuvent pas produire des graine", a affirmé Sáfián Szabolcs.

"Outre la pollinisation, ils sont aussi d'importants consommateurs de plantes. De nombreuses espèces de papillons sont liées à certains groupes de plantes ou espèces de plantes. Beaucoup de prédateurs, comme les guêpes, les oiseaux, les reptiles et les amphibiens, dépendent de papillons pour la nourriture, surtout quand ils sont des chenilles juteuses grasses. Ceci est très important pour la chaîne alimentaire, ce qui maintient l'équilibre de l'écosystème sain", a-t-il déclaré.

Il existe environ 1400 espèces de papillons en Afrique de l'Ouest, dont 1000 au Nigeria. Le campus d’IITA-Ibadan compte à lui seul 250 espèces, répartis dans divers habitats, y compris une réserve forestière.
Selon les chercheurs, cette découverte doit "susciter l'intérêt des Nigérians sur leurs riches ressources naturelles, de sorte qu'ils seront plus intéressés à protéger leurs forêts et autres habitats naturels".

Sauver les papillons

La destruction des forêts au mépris de leurs importances en matière d’atténuation du changement climatique, de fourniture d’eau propre et de l'air pur, de fertilité des sols et de lutte contre l'érosion,  occasionne la disparition des papillons au Nigeria. La déforestation constitue un véritable problème aujourd’hui dans toute l'Afrique de l'Ouest.

Selon Deni Bown et Sáfián Szabolcs, la sauvegarde des espèces de papillons menacées en Afrique passe par l’identification et la protection de leur habitat naturel.

"Grâce à une meilleure protection des parcs nationaux et des réserves forestières, souligne Deni Bown, le Nigeria pourrait sauver la majorité des populations de papillons. Toutefois, certaines zones protégées supplémentaires seraient nécessaires pour protéger les espèces, avec des restrictions de distribution".

"La chose la plus importante est d'identifier et de désigner des habitats de papillon clés au Nigeria et en Afrique. Dans de nombreux pays africains, les gouvernements ont mis en place un vaste réseau de zones protégées, qui aident à préserver la biodiversité. Ils utilisent aussi ces domaines pour attirer le tourisme, qui peut aider à financer leur protection", ajoute Sáfián Szabolcs.