28/04/15

Les petits mammifères d’Afrique à la croisée des chemins

Little Monkey
Crédit image: Flickr/public.resource.org

Lecture rapide

  • Les petits mammifères sont menacés de disparition du fait de l’action de l’homme
  • Ils jouent pourtant des rôles très variés dans l’équilibre de notre écosystème
  • En revanche ils peuvent aussi transmettre certaines maladies à l’homme.

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[ANTANANARIVO] Cent vingt chercheurs et étudiants provenant de 22 pays ont fait le point sur leurs connaissances au cours de la 12e édition du symposium sur les petits mammifères d’Afrique (ASMS) organisée à Mantasoa, Madagascar, du 12 au 18 avril.

La conférence scientifique intitulée "La biologie, la conservation et la recherche médicale" a amené les spécialistes à partager des informations à jour sur ces vertébrés.

Il en ressort que les petits mammifères restent sensibles aux menaces liées à la destruction de leurs habitats naturels, à la chasse et aux effets du changement climatique

Gilles Bœuf, président du Muséum d’histoire naturelle de Paris, présage même déjà la disparition massive des espèces au cours des prochaines décennies "si nous ne faisons rien".

Parallèlement, un rapport de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) cite des pays, dont Madagascar en premier en Afrique, où la chance de survie pour beaucoup d’espèces de mammifères s’amincit du jour au lendemain.

Andriamanana Rabearivelo, fondateur d’une organisation spécialiste des chauves-souris à Madagascar, a dit à SciDev.Net qu’un plan national de préservation des petits mammifères doit être mis en œuvre pour leur conservation durable et le bien-être des communautés à la fois.

Partie intégrante de la biodiversité mondiale, les petits mammifères jouent en effet des rôles écologiques, économiques, sociaux voire culturels significatifs.

Ils servent de proies préférées à des espèces d’oiseaux, de reptiles et d’autres carnivores en même temps qu’ils rendent des services écosystémiques pouvant se chiffrer à plusieurs millions, voire milliards de nos monnaies.

Les espèces frugivores sont également des polinisatrices et des diffuseuses de graines par excellence et contribuent de fait à l’entretien de la forêt.

Concernant les chauves-souris par exemple, les auteurs d’une étude sur l’exploitation des guanos (matière constituée d’excréments et de cadavres d’oiseaux) à Madagascar ont indiqué qu’elles participent à l’élimination des populations d’insectes nuisibles aux plantations.

Ils ont ajouté que leur disparition occasionnerait des pertes annuelles estimées à 741 000 dollars (près de 400 millions de FCFA) dans une région productrice de coton au Texas, Etats-Unis.

De l’autre côté, les chercheurs ont établi que la plupart de petits mammifères, comme d’autres groupes, sont des réservoirs confirmés de virus, de champignons, de parasites et de bactéries potentiellement dangereux ou non pour les humains.

D’où la question de savoir si les agents pathogènes enregistrés chez ces animaux sont aussi présents chez les humains.

Car, ils sont susceptibles de déclencher des zoonoses dont les conséquences sont des fois fatales, à l’exemple de la peste transmise par les rongeurs qui était responsable d’une soixantaine de morts l’an dernier à Madagascar.

Le chercheur réunionnais Yann Gomard a justement confirmé la présence de la leptospirose (une infection bactérienne) chez des espèces de chauves-souris de la Grande Ile.

Or, les habitants sont en contact régulier avec ces micromammifères à travers la chasse, l’usage des guanos et la cohabitation dans des espaces clos (maisons, écoles, églises, bureaux, hôpitaux…).

Il est dès lors primordial aux yeux des chercheurs de voir si cette maladie existe aussi chez d’autres animaux et chez l’homme ; et d’en comprendre les mécanismes.

Selon les premiers résultats de l’étude de Yann Gomard, certaines chauves-souris sont infectées par les leptospires (bactéries responsables de la leptospirose) alors que d’autres ne le sont pas ; de plus, chaque famille de chauves-souris infectées a une ou plusieurs leptospires spécifiques.

Seulement, les différentes interventions ayant eu lieu durant le symposium ont suscité des questions qui n’ont pas trouvé de réponses immédiates.

"Ce sont des études en cours pour la majorité. Les discussions qu’elles ont pu générer ont toutefois amorcé de nouvelles collaborations", explique Voahangy Soarimalala de l’association Vahatra, coorganisateur du symposium, avec le département de biologie animale de l’Université d’Antananarivo.