22/02/12

Les pêcheurs s’adaptent à l’assèchement du Lac Tchad, pour l’instant

Le lac Tchad rétrécit rapidement Crédit image: Flickr/troubadour1

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[ABIDJAN] D’anciens pêcheurs du Lac Tchad, qui s’étiole, se sont adaptés à leur environnement en  mutation en se lançant dans l’agriculture — une étude récente indique cependant que cette activité pourrait achopper si les eaux ne retrouvent pas des niveaux élevés.

 

Bordé par le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria, le Lac Tchad n’a que 11 mètres de profondeur maximale et il s’est considérablement rétréci au cours des 40 dernières années. Ceci est en grande partie dû à une diminution des précipitations dans son bassin Sud.

Une étude, menée par des chercheurs français et nigériens et publiée dans la revue Changements environnementaux régionaux, a procédé à des enquêtes pédologiques, hydrologiques et hydrogéologiques. Ces chercheurs ont aussi interrogé des agriculteurs ainsi que des membres des administrations locales et des acteurs des projets sur place pour comprendre comment les populations Mober de l’Est du Niger se sont adaptées à cet important changement de leur environnement.

Ils ont découvert que le sol riche, récupéré sur le terrain du lac qui rétrécit, a permis aux populations Mober de cultiver des produits comme le dolique, le maïs, le riz et les piments verts sans recourir aux engrais ou à l’irrigation.

Jean-Marie Ambouta Karimou, chercheur à l’Université Abdou Moumouni, au Niger, a déclaré à SciDev.Net que jusqu’aux années 1970, lorsque les eaux du lac étaient à leur plus haut niveau, "la pêche procurait à la fois de la nourriture et des revenus aux populations riveraines, grâce à l’exportation du poisson fumé ou séché".

Il a ajouté que les anciens pêcheurs "sont par conséquent devenus progressivement des agriculteurs et ont cultivé les rives du lac". Les rendements des cultures dans ces zones sont supérieurs à ceux des cultures pluviales. Cela a contribué de manière significative à assurer leur sécurité alimentaire et à améliorer leurs conditions de vie.

Les auteurs ont prévenu qu’un risque d’épuisement du sol se profilait,si le niveau des eaux du lac ne remontait pas.

"Si les eaux du lac ne remontent pas, on peut prévoir l’épuisement des sols du lit… Une série d’années pluvieuses entraînera l’élévation du niveau des eaux dans le bassin Sud et le retour de l’eau  dans son bassin Nord.

"Le maintien des qualités agronomiques des sols qui ne sont pas régulièrement recouverts par les hautes eaux de ce lac est un vrai pari à court terme".

Les auteurs ont cité l’exemple d’une zone de terre exposée où l’on trouve déjà peu de matière organique, et ils ont prévenu que cette situation s’aggraverait s’il n’y avait pas d’inondation.

Ils ont laissé entendre que l’évolution des conditions de vie des populations Mober doit être suivie attentivement au cours des prochaines décennies, avant de préciser qu’en dépit du fait que les superficies exploitées par les agriculteurs sont de petite taille, pour des raisons de pauvreté, les rendements de leurs cultures sont très supérieurs à ceux des cultures pluviales.