17/01/14

La destruction de la mangrove, danger écologique pour les côtes du Bénin

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Crédit image: Scidev.Net/Hugues François

Lecture rapide

  • Selon les chercheurs, si rien n’est fait pour freiner le rythme de destruction des mangroves, elles pourraient disparaitre d’ici à 2040
  • Ils recommandent par conséquent, outre une sensibilisation des pouvoirs publics, des actions spécifiques visant à protéger l’écosystème
  • Une étude menée au Bénin conclut que la destruction des mangroves dans les zones côtières du pays pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la vie humaine.

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Les travaux de recherche menés par Gédéon Anagonou, chercheur en aménagement et gestion des ressources naturelles et de la biodiversité au Laboratoire d’écologie appliquée à la Faculté des Sciences Agronomique de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), au Bénin, concluent que les mangroves qui jalonnent les côtes du Bénin, sont en péril, avec à la clé, des conséquences incommensurables pour la vie humaine.

L’étude, intitulée "L’Evolution des mangroves dans la commune de Ouidah", a été menée dans le sud-ouest du Bénin, dans le cadre de la mise en œuvre prochaine du projet touristique "la Route des Pêches", qui prévoit la construction de multiples infrastructures le long des côtes australes du pays, de Cotonou, la capitale économique, jusqu’à la ville historique de Ouidah.

Pour le directeur du laboratoire d’écologie appliquée de l’UAC, Marcel Houinato, "lorsqu’on évoque le projet de la Route des Pêches, on ne voit généralement que les buildings qui seront érigés à perte de vue, passant sous silence le drame écologique inhérent susceptible d’être fatal aux mangroves."

D’où l’intérêt de cette étude, qui attire l’attention des pouvoirs publics porteurs de ce gigantesque et ambitieux projet d’implantation d’infrastructures touristiques, sur les conséquences potentielles du projet.

Ouidah est une ville touristique chargée d’histoire. Depuis quelques années, sa population ne cesse d’augmenter, grâce à un début de modernisation. 

La ville abrite comme d’autres localités de la zone côtière, des mangroves, qui revêtent une importance cruciale pour l’écosystème…

Risques écologiques 

En effet, comme l’a souligné le chercheur, les mangroves assurent la protection des côtes contre les vagues et l’érosion due au vent, la conservation de la diversité biologique, la réduction des quantités excessives de polluants, la fourniture de frayères et de nutriments pour de nombreuses espèces de poissons et de crustacés.

Selon les précisions de Gédéon Anagonou, elles servent d’abri et d’habitat à une faune diversifiée, notamment l’avifaune et alimentent des pêcheries estuariennes et côtières.

“Les mangroves finiraient par disparaitre en 2040 si rien n’est fait pour conserver la ressource”

 Gédéon Anagonou (UAC)

Elles constituent des ressources halieutiques et aussi des sites pour l'écotourisme.
Seulement, la forte pression démographique qui s’exerce sur lesdites localités a entrainé la réduction et la dégradation des mangroves.
 
Au nombre des activités décriées, on compte la production du sel, généralement assurée par les femmes, ce qui nécessite une forte utilisation du bois de mangroves, notamment l’avicemia africana et risofora racephora, les principales espèces qu’on y retrouve.
 
A en croire Gédéon Anagonou, la création de nouvelles « taches » (agglomérations, plantations) et la perforation dans les classes (sol nu) sont les types de changements détectés dans le paysage, entre 1980 et 2010. "Lorsque l’évolution des proportions pour chaque classe est la même, quelle que soit l’année (tendance linéaire), et que cette tendance continue jusqu’en 2050 sur la base des données de 1980 et 2010, les superficies des agglomérations, plans d’eau, plantations et prairies connaitront une augmentation», a-t-il expliqué. "Par contre, celles des mangroves régresseraient et finiraient même par disparaitre en 2040 si rien n’est fait pour conserver la ressource", a averti le chercheur.

Selon les résultats de la recherche, au Bénin, environ 38% des écosystèmes côtiers tels que les mangroves se trouvent sous la menace de divers aménagements; ceci se caractérise par une diminution importante de leurs étendues.

Pour freiner la dégradation de l’écosystème, le chercheur recommande, outre les actions de sensibilisation à grande échelle, la création de plantations de bois-énergie et l’introduction dans les villages riverains d’autres activités génératrices de revenus susceptibles de contribuer à lutter contre la disparition de cette ressource.
 
"Il faut protéger les mangroves pour les générations futures qui risquent de ne pas connaitre en leur temps ces espèces", a recommandé le chercheur.