16/01/15

Découverte à Madagascar de fossiles marins datant de plusieurs millénaires

Submarine landscape
Crédit image: Flickr/Shell247

Lecture rapide

  • Une équipe de chercheurs a découvert en octobre dernier des fossiles âgés de plusieurs milliers d’années dans des grottes submergées dans le sud-ouest de Madagascar
  • Les fossiles sont de précieux témoins des changements intervenus dans l'écosystème de l’île dans un passé lointain
  • Selon les experts, il s’agit d’une des plus grandes découvertes scientifiques du 21e siècle

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[ANTANANARIVO] Une expédition scientifique menée en octobre 2014 sur le lac salé Tsimanampetsotsa, dans le sud-ouest de Madagascar, a débouché sur d’importantes découvertes à même d’enrichir les connaissances sur l’évolution de l’environnement et l’extinction de certains groupes d’animaux de l’île.

Des experts nationaux et étrangers ont trouvé au fond des trois grottes submergées d’une profondeur moyenne de 35 m une riche collection de fossiles aquatiques et marins.

Lieux de culte pour les communautés locales, les grottes se créent dans des formations calcaires éocènes datant de 50 à 65 millions d’années.

Les ossements tapissant les fonds des cavités sont pour la plupart ceux des lémuriens, des hippopotames, des crocodiles, des tortues, des chauves-souris et même des micromammifères.

Presque toutes les parties du corps comme les cranes, les os, les vertèbres… sont présentes, dénotant ainsi que les endroits explorés, sur la rive est du lac, ont longtemps bénéficié d’une protection naturelle.

“Il s’agit d’une des plus grandes découvertes scientifiques de notre siècle. Ces grottes sont les plus immenses au monde et les plus riches en fossiles jamais découvertes par les chercheurs”

Armand Rasoamiaramanana,
Université d'Antananarivo

Les ossements des espèces de primates disparues – comme les hippopotames le sont sur l’île – sont parmi ceux trouvés sur le terrain si les autres espèces parviennent à subsister.

"Il s’agit d’une des plus grandes découvertes scientifiques de notre siècle. Ces grottes sont les plus immenses au monde et les plus riches en fossiles jamais découvertes par les chercheurs", a déclaré à SciDev.Net Armand Rasoamiaramanana, directeur du Laboratoire de paléontologie et biostratigraphie au département de paléontologie à l’Université d’Antananarivo.

50 millions d'années

"Scientifiquement parlant, elles sont très intéressantes pour l’histoire du sud-ouest de Madagascar. Elles peuvent renseigner sur l’évolution des changements des paramètres physiques remontant jusqu’à 50 millions d’années passées", a ajouté le coordonnateur scientifique de l’expédition.

Les deux types de fossiles sur le site sont des témoins précieux des changements climatiques et environnementaux ayant pu se produire auparavant.

La plupart des fossiles emprisonnés dans les calcaires sont des fossiles marins, datant d’environ 50 millions d’années, alors que ceux au fond de celles-ci sont âgés de quelque 10 millions d’années, c’est-à-dire d’âge assez récent selon l’appréciation paléontologique.

La question à laquelle les scientifiques doivent fournir une réponse valable est de déterminer les conditions poussant les animaux à venir se nicher dans ces loges sous-terraines et les causes probantes de leur extinction.


"Nous sommes en présence des deux intérêts scientifiques majeurs. Ces grottes doivent nous apprendre sur le peuplement fossile à l’époque éocène. Elles doivent également livrer le secret du peuplement fossile d’il y a 10 millions d’années", a déclaré Armand Rasoamiaramanana.

Une partie des explications attendues réside aussi dans l’analyse des stalactites et des stalagmites, par lesquels de l’eau était passée avant de se cristalliser, pour connaître les compositions de l’atmosphère d’antan.

Les études à Tsimanampetsotsa doivent être accélérées pour éviter l’éventuelle perte des ossements en état de pourrissement avancé en ce moment, selon Haingoson Andriamialison, chef de département de paléontologie à l’Université d’Antananarivo, qui marquera sa 40e année d’existence cette année.

"La valorisation de ces grottes contribuera sûrement au développement régional en raison de la création d’emplois et de la promotion de l’écotourisme, hormis la venue incessante des chercheurs sur ces lieux", a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Créer des musées aquatiques, chose jamais connue à Madagascar, ou des répliques à l’air libre et dans la capitale est une idée affleurant déjà la pensée des scientifiques.

Mais, puisqu’il s’agit d’une entreprise à prix d’or, la partie malgache compte sur les coopérations avec l’étranger pour concrétiser cette tâche herculéenne.

Des vidéos réalisées en avril 2014 par des plongeurs américains dans les grottes de Tsimanampetsotsa avaient attiré l’attention des chercheurs de l’Université de Massachusetts Amherst, aux Etats-Unis, sous la direction de Laurie Godfrey.

En collaboration avec la National Science Foundation (NSF), ils ont établi un protocole de recherche avec leurs pairs malgaches pour la suite.

Aire protégée gérée par Madagascar National Parks (MNP) et vaste de 456 km², le lac Tsimanampetsotsa est le gîte des oiseaux migrateurs flamants roses et constitue un habitat naturel pour des poissons.
Autour du plan d’eau pousse, entre autres, une spécifique espèce de baobab dont l’aire de distribution est encore à déterminer.

Le président malgache Hery Rajaonarimampianina a déclaré le 9 janvier que la protection de l’environnement est au cœur de sa politique.