12/03/13

Afrique de l’Est: le ravageur de café étend ses tentacules

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Crédit image: Flickr/noodlepie

Lecture rapide

  • Le ravageur du caféier détruit 90 pour cent de chaque plante, ravageant les cultures
  • 50 nouvelles espèces de fruits et légumes, dont d’importantes cultures de rente, sont actuellement affectées
  • Les experts appellent à l’amélioration de la collecte des données et des pratiques de gestion pour endiguer la propagation de ce ravageur

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[KAMPALA] L’horticulture en Afrique de l'Est pourrait faire face à une grave crise en raison d’un 'saut d'espèce' – par lequel une maladie passe d'un hôte connu à d’autres nouveaux et inhabituels – affectant des fruits, des légumes et des plantes médicinales et ornementales.
 
Les chercheurs en Ouganda ont découvert que la mineuse noire du caféier, un parasite dévastateur du caféier, est passée du café Robusta à près de 50 espèces végétales, dont l’avocatier, le cacaoyer, l'aubergine, le gingembre, le goyavier, le manguier, le jacquier et la tomate.
 
"Tôt ou tard il passera également au thé" – une autre principale culture de rente dans la région d’Afrique de l'Est – a déclaré Africano Kangire, le directeur de l'Institut ougandais de recherche sur le café (CORI), à SciDev.Net.
 
Les chercheurs qui se sont entretenus avec les médias au CORI le mois dernier (6 février) affirment que le ravageur a durement touché la culture du café dans la région, en particulier en Ouganda, où le café Robusta indigène est largement cultivé.
 
"Il a été signalé dans de nombreux pays d'Afrique, dont le Kenya et le nord de la Tanzanie, qui sont déjà fortement infestés", déclare Godfrey Kagezi, chercheur et entomologiste au Centre de recherche sur le café (COREC), basé au sein de l'Organisation nationale de recherche agricole.
 
Une enquête 2012/13 du COREC, ainsi que divers rapports de l'Office de développement du café ougandais, montrent que le ravageur se propage rapidement depuis Bundibugyo, qui se trouve à l’ouest de l'Ouganda, où il a été signalé pour la première en 1993, à d'autres parties du pays.
 
L'étude montre également que plus de 40 espèces végétales dans plus de 17 familles sont de potentiels hôtes du ravageur.
 
Selon Kagezi, il n’a pas encore été identifié au Burundi et au Rwanda.

Mais il signale également des problèmes avec la collecte de données dans la région: il n'y a pas assez d’informations disponibles quant à savoir si la maladie s'est propagée à la République démocratique du Congo, et tous les trois pays ont besoin d’études complètes.
 
Le ravageur, originaire d'Asie, s'est lentement propagé au reste du monde. Quand le petit coléoptère noir s'attaque au caféier, il détruit 90 pour cent de cette plante, comme il le fait avec les fruits et les légumes.
 
"La majeure partie des recherches [au niveau régional] ont été faites sur le caféier uniquement et non sur d'autres cultures arbustives", a laissé entendre Kenneth Masuki, un chercheur de l'Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique orientale et centrale.
 
Les chercheurs affirment que les hausses de température liées aux changements climatiques pourraient être responsables de l'augmentation de la propagation du saut d’espèce par la création d’un environnement favorisant leur survie.
 
Patrick Kucel, un phytoentomologiste du COREC, a déclaré que la grande capacité de reproduction du parasite le rend également difficile à combattre: la femelle est capable de se reproduire de façon sexuée et asexuée, et produit environ 20 descendants par semaine — une particularité au sein de son groupe.
 
Kucel affirme que de meilleures pratiques de gestion visant à contribuer à la réduction ou l’élimination des sources d'infestation doivent être mises en œuvre.

Le présent article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.