08/03/12

Des piles à base de pomme de terre et de plantain jugées prometteuses

Des chercheurs sri-lankais affirment que le plantain peut remplacer la pomme de terre dans les piles à base de végétaux Crédit image: Flickr/Arthur Chapman

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[DJEDDA/KARACHI/LONDRES] Une simple pile alimentée par des pommes de terre pourrait bientôt se concrétiser car des chercheurs de pays en développement approchent la phase de commercialisation de leurs recherches.

L’idée de piles fabriquées à partir d’une matière végétale insérée entre des plaques de zinc et de cuivre est en cours d’expérimentation par divers groupes dans le monde, et notamment en Arabie saoudite et au Sri Lanka.

Suliman Abdalla, professeur de physique à l’Université Roi Abdulaziz, est en train de développer un prototype de pile à base de "cellule de pomme de terre" qui, a-t-il déclaré à SciDev.Net, pourrait être commercialisée d’ici un an. Au Sri Lanka, une pile semblable, alimentée par la banane plantain, a été développée par R. P. Wijesundera, physicien à l’Université de Kelaniya, qui projette maintenant de la commercialiser.

Les deux chercheurs ont indiqué que l’idée leur avait été inspirée par un article publié en 2010 par des chercheurs israéliens et américains, qui a prouvé que de simples piles à base de pomme de terre pouvaient produire de l’électricité dans des zones rurales isolées.
"La principale contribution de notre article de 2010 se trouve dans l’introduction du "concept de pile fabriquée soi-même", a remarqué Alex Golberg, co-auteur de l’article et boursier de la Harvard Medical School, aux Etats-Unis.

Selon lui, l’article a démontré qu’une "pile abordable, rentable et de faible puissance pouvait être fabriquée n’importe où avec des matériaux déjà disponibles", a-t-il indiqué à SciDev.Net.

Dans les colonnes du Journal of Renewable Sustainable Energy (Revue des énergies renouvelables durables) du mois de novembre, l’équipe de Suliman Abdalla a démontré que les piles à base de pomme de terre pouvaient être plus de deux fois plus efficaces qu’une pile standard de 1,5V et 26 fois moins chères.

"Le courant qui pourrait être produit est très sensible à l’épaisseur de l’aliment", a déclaré Abdalla à SciDev.Net, ajoutant que ce sont les tranches de pommes de terre de 18mm qui ont généré la plus grande quantité de courant électrique.

 

L’équipe a porté son choix sur les pommes de terre après avoir utilisé son dispositif breveté pour tester la capacité de production d’électricité de différents légumes. Ces tests ont prouvé que les pommes de terre et l’ail donnaient les meilleurs résultats.

"Dans les pays en développement, des millions de personnes pourraient tirer profit d’une telle source d’énergie abondante, bon marché et renouvelable", a insisté Abdalla. Il a ajouté que l’équipe disposait d’un financement pour développer un prototype à l’intention d’investisseurs potentiels.

En commentant les résultats obtenus par l’équipe saoudienne, Goldberg a laissé entendre que l’étude avait amélioré la conception initiale de la pile par les chercheurs israéliens et généré quatre fois plus de puissance, suggérant la possibilité de gains d’efficacité supplémentaires.

L’équipe sri-lankaise a choisi de développer une pile végétale alimentée par la banane plantain. "Nous avons commencé par tester les piles à base de pomme de terre et elles ont fonctionné, mais la pomme de terre est un aliment de base dans beaucoup de pays et nombreux sont les gens pour lesquelles elle n’est pas peu chère que cela", a noté Wijesundera.

"La banane plantain est une matière électrolytique bon marché et respectueuse de l’environnement, facilement disponible dans de nombreuses régions des pays en développement tropicaux … [donc elle] remplace très bien la pomme de terre," a-t-il déclaré à SciDev.Net.

L’équipe a utilisé avec succès une pile à base de plantain pour éclairer deux ampoules LED pendant 500 heures, a-t-il indiqué. Cela en fait un approvisionnement énergétique à faible coût pour l’éclairage et pour d’autres besoins électriques dans les habitations rurales. Il a ajouté que les résultats sont en cours de préparation à des fins de publication et de commercialisation.

"Nous projetons de fabriquer des piles à base de banane plantain pour remplacer les piles A, AA, AAA, et de 9V que l’on trouve sur le marché", a poursuivi Wijesundera.

Golberg s’est réjoui de l’adoption du résultat initial israélien par des chercheurs de pays en développement. "Nous avons décidé de ne pas breveter cette technologie pour contourner les obstacles à l’adaptation à grande échelle de notre pile dans [ces] pays", a-t-il dit.

"[Là-bas, les chercheurs] connaissent mieux que quiconque les conditions sur le terrain, les infrastructures locales et la disponibilité des matériaux. Le fait qu’ils réalisent cette recherche fait de ces laboratoires des points de contact sur place pour les entrepreneurs locaux et les utilisateurs potentiels".

Lien vers le résumé dans le Journal of Renewable Sustainable Energy (en anglais)

Lien vers le résumé de l’étude de 2010 dans le Journal of Renewable Sustainable Energy (en anglais)

Références

Journal of Renewable Sustainable Energy 10.1063/1.3659289 (2011)

Journal of Renewable Sustainable Energy 10.1063/1.3427222 (2010)