12/11/14

Le Niger se mobilise contre la maladie du sommeil

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Crédit image: Flickr/Chmoss

Lecture rapide

  • Depuis l'indépendance, peu d'études ont été menées sur l'incidence de la maladie su Niger
  • Mais le Sud du pays est considéré comme une région à haut risque
  • Une mission se rendra en novembre dans le sud du pays pour l'identification des villages à risque et la mise en place d'une stratégie de lutte

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L'Institut de Recherche pour le Développement, appuyé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ainsi que plusieurs structures spécialisées dans la lutte contre la Trypanosomiase Humaine Africaine (THA), ont mis en place une vaste stratégie de lutte pour venir à bout de la maladie du sommeil, au Niger.
 
La Trypanosomiase Humaine Africaine, communément appelée maladie du sommeil, fait chaque année des ravages sur le continent africain.
 
Causée par la mouche tsé-tsé, elle sévit dans une trentaine de pays d'Afrique subsaharienne.
 
Les troubles du sommeil, à l'origine du nom de la maladie, en sont une caractéristique importante.
 
Selon l’OMS, en l'absence de traitement, la maladie du sommeil est mortelle. 
 
Dans tous les pays où sévit la mouche tsé-tsé, les populations les plus exposées à la maladie sont celles vivant dans les milieux ruraux, dont la survie dépend essentiellement de l'élevage, de la chasse, de l'agriculture, et des produits sylvicoles.
 
L'OMS estime que plus de 98% des cas notifiés de trypanosomiase sont dus à Trypanosoma Brucei gambiense.
 
La Trypanosomiase Humaine Africaine rencontrée au Niger est justement celle qui est due à Trypanosoma Brucei Gambiense.
 

Données épidémiologiques déficientes

 
Selon Oumarou Mallam Issa, représentant de l'IRD au Niger, "depuis la fin des années 1960, aucune activité importante n'a été menée contre la THA dans ce pays. Par conséquent la situation actuelle de la THA dans ce pays est très mal connue."
 
Néanmoins, précise le chercheur, "on peut considérer qu'elle est susceptible d'exister uniquement dans une bande très étroite du Niger située dans le Sud du pays, le long des frontières burkinabé, béninoise et nigériane, dans l'aire de distribution actuelle des glossines" (seuls insectes capables de transmettre cette maladie à l'homme).
 
Le chercheur précise que des campagnes entomologiques de la Pan Africain Tsetse and Eradication Campain (PATTEC), initiative de l'Union Africaine, ont récemment confirmé la présence de glossines dans le sud du pays.
 
Il s'ensuit, explique-t-il, que "le risque de présence de THA est réel, même si le niveau reste à déterminer."
 
De son côté, Fabrice Courtin, chercheur au Centre international de recherche-développement pour l’élevage en zone subhumide (CIRDES), a expliqué qu'en Afrique subsaharienne, le nombre de cas rapportés annuellement depuis 2009 est inférieur à 10.000. 
 

Eradication

Et de préciser qu'au vu de cette baisse du nombre de cas dépistés annuellement, l'OMS a affiché sa volonté d'éliminer la THA comme problème de santé publique à l'horizon 2020, avec comme objectif d'atteindre une prévalence inférieure à 1/10000 dans au moins 90% des foyers recensés.
 
Il s'est agi pour cette mission d'aider à la mise en place des activités liées au projet APW – "Innovative approach in the case detection and management for sustainable elimination of gambiense HAT", financé par l'OMS.
 
L'objectif de la mission était de rencontrer les intervenants impliqués dans le projet et de leur présenter les activités nécessaires à mener pour faire le point sur la situation de la Trypanosomiase Humaine Africaine au Niger, en vue de son élimination durable.

Abdoulaye Diarra, conseiller THA au bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, a confié à SciDev.Net qu'un projet visant à l'élimination de la THA en Afrique de l'Ouest, bénéficie du financement de l'OMS, à travers un fonds alloué par la fondation Bill et Melinda Gates.
 
Le projet fait intervenir les acteurs de la lutte contre la THA et les glossines dans la sous-région (ministères de la Santé, Institut de Recherche pour le Développement, Centre International de Recherche-Développement pour l'Elevage en zone Subhumide-CIRDES, etc.) 
 
Selon Abdoulaye Diarra, dans le cadre de ce projet, une mission doit avoir lieu dès le début de la semaine prochaine pour l'identification des villages à risque de THA, grâce à une méthode récemment développée par une équipe de l'IRD/CIRDES, dans le sud du Niger.
 
Aux dires du spécialiste, il existe deux moyens de lutter contre cette maladie: la première consiste à chercher à éliminer le vecteur (la mouche tsé-tsé) à travers la lutte entomologique (pièges, écrans imprégnés d'insecticides, lâchers de mâles stériles, fumigation d'insecticide, etc.); la deuxième vise à stériliser le réservoir de trypanosomes dans les populations humaines, en organisant des prospections médicales dans les villages, afin de dépister les malades et de les soigner.
 
Pour Abdoulaye Diarra, la meilleure voie pour aller à l'élimination de la maladie est de faire un dosage savant des différentes méthodes de lutte (dépistage actif, dépistage passif, traitement des cas, lutte anti-vectorielle et IEC), en fonction du niveau d'endémicité du foyer et des moyens mis à dispositions. 
 
Le Niger n'est certes pas un pays gravement touché, mais selon Mallam Issa, il y a un appui institutionnel important dans ce pays qui a inscrit l'élimination de la THA dans son plan stratégique de lutte contre les maladies tropicales négligées.