01/12/14

La recherche au secours du secteur de l’igname en Afrique de l’Ouest

Cameroon Yam

Lecture rapide

  • La production d'igname en Afrique de l'Ouest est confrontée à des problèmes liés notamment à la rentabilité, en raison de la cherté des semences et de la main d'œuvre
  • Le projet a pour objectif de contribuer à l'amélioration de la production d'igname dans la sous-région
  • Les chercheurs travailleront avec les agriculteurs pour développer de nouvelles variétés.

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Un nouveau projet sous-régional impliquant quatre pays à savoir le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria entend aider les petits exploitants agricoles à améliorer la production de l’igname en développant de nouvelles variétés, vient de recevoir un important financement.

Ce projet de cinq ans, d’un montant de 13,5 millions de USD (environ 6 milliards de francs CFA), appelé “AfricaYam: Enhancing Yam Breeding for Increased Productivity and Improved Quality in West Africa”, est financé par la Fondation Bill & Melinda Gates et les centres de recherche partenaires, notamment le Centre international de recherche pour les sciences agricoles du Japon (JIRCAS), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), en France et l'Institut Boyce Thompson pour la recherche des plantes (BTI), à Cornell University, aux Etats-Unis.

Robert Asiedu, directeur Afrique de l'Ouest de la Recherche pour le Développement à l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), a expliqué à SciDev.Net que ce projet, lancéfin octobre, à Ibadan, au Nigeria, va travailler sur l'amélioration génétique des variétés locales d’igname que les agriculteurs ont l’habitude de planter.

Un autre objectif du projet est la formation des acteurs au niveau des centres nationaux de recherche agricole.

L’équipe du projet va travailler avec les agriculteurs pour développer des variétés en fonction de leurs besoins et de leurs préférences.

"Nous allons associer les agriculteurs pour nous permettre d'identifier les variétés parentes avec les caractéristiques préférées, et surtout, nous allons aussi les associer à l'évaluation des variétés améliorées pour l'adaptation des qualités qui ont été développées, contribuant ainsi de manière significative à la sélection variétale et à la diffusion", a déclaré Robert Asiedu.

La sélection des variétés se fera suivant les critères de rendement, en tenant compte des ravageurs et des qualités de résistance aux maladies et sur la bonne qualité des tubercules.

"À la fin du projet, nous espérons que les variétés homologuées seront supérieures aux variétés à la disposition des agriculteurs en terme de rendement, de résistance aux ravageurs et aux maladies, ainsi qu’au niveau de la qualité des tubercules", indique le chercheur.

Faible productivité

Le secteur de l'igname en Afrique de l’Ouest est confronté à une faible productivité, aux coûts élevés de la production en raison de la cherté des semences et de la main d’œuvre, à des pertes élevées dues aux ravageurs et aux maladies (les nématodes, les virus et l'anthracnose) et à des pratiques de production non durables.

Selon Robert Asiedu, le changement climatique entraîne une accumulation des ravageurs et des maladies, ainsi qu'une faible fertilité des sols. 

Selon le chercheur, le défi le plus important est celui des semences.

"Nous constatons que les agriculteurs n’ont pas accès à des semences de haute qualité qui sont résistantes aux ravageurs et aux maladies et qui donnent des rendements élevés. Nous allons travailler avec un autre projet, le Yam Improvement for Income and Food Security in West Africa [YIIFSWA], en vue de mettre en place un système semencier formel pour un accès facile des agriculteurs aux semences", explique encore le chercheur.

Dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, l’igname est beaucoup consommée par les populations et génère des revenus pour les producteurs et les commerçants. En 2013, 54,5 millions de tonnes d'igname sur 4,4 millions d'hectares ont été produits en Afrique de l’Ouest, soit 90,6 % de la production mondiale.

"La culture de l’igname est très intensive et exige un lourd travail du sol qui expose celui-ci à l'érosion. La production de l’igname exige également un sol fertile qui amène les agriculteurs à pratiquer l'agriculture itinérante. Les agriculteurs mettent souvent entièrement à nu les terres pour la production de l’igname. Mais avec ce nouveau projet et celui de YIIFSWA en cours, nous espérons qu'il y aura moins de dégradation de l'environnement, pour ainsi protéger l'environnement et assurer la durabilité", a déclaré Robert Asiedu à SciDev.Net.