05/10/16

Les invasions d’insectes, menace économique majeure

Criquets
Crédit image: FAO

Lecture rapide

  • Les invasions d'insectes coûtent 69 milliards par an à l'économie mondiale
  • L’essentiel des pertes sont subies par les pays d’Amérique du Nord
  • Ce chiffre est probablement sous-estimé, à cause de l’absence de données

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Selon une étude publiée dans la revue Nature Communications par une équipe internationale de chercheurs dirigés par Franck Courchamp, directeur de Recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), les insectes réduisent chaque année de 10% à 16% la production agricole mondiale. 
 
Les chercheurs affirment que le coût estimé de 69 milliards d’euros (77 milliards USD) est en fait largement sous-évalué. 
 
En effet, de nombreuses régions du monde n’offrent pas assez de données économiques pour produire une estimation précise, qui est alors minimisée. 
 
L’Amérique du Nord est la région du monde la plus touchée, avec des pertes estimées à 24,5 milliards d’euros par an, contre 3,2 milliards d’euros par an pour l’Europe.
 
“Pour ce qui est de l’Afrique, les coûts sont malheureusement très largement sous-évalués, car très peu d'études ont été réalisées sur le sujet”, explique Franck Courchamp dans une interview à SciDev.Net.
 

“En Afrique, les coûts sont très largement sous-évalués, car très peu d'études ont été réalisées sur le sujet.”

Franck Courchamp
CNRS

Par ailleurs, dans un communiqué, les chercheurs estiment que l’impact de ces insectes pourrait augmenter, à la faveur du changement climatique, de 18% à l’horizon 2050. 
 
“La distribution de beaucoup d’espèces envahissantes est aujourd’hui limitée par des barrières thermiques (les températures sont trop basses pour la prolifération des espèces) et le changement climatique pourrait leur permettre d’envahir des régions jusqu’ici inhospitalières”, explique Franck Courchamp. 
 
Parmi les 10 insectes envahissants de l’étude, le termite de Formose (Coptotermes formosanus) est considérée comme l’un des plus destructeurs. 
 
Selon une étude consultée par l’équipe de recherche, cet insecte coûterait à lui seul plus de 26,7 milliards d’euros par an dans le monde. 
 
“Il est inconcevable qu’une espèce aussi dommageable pour l’économie et au-delà pour l’ensemble de la société n’ait pas fait l’objet d’études plus approfondie dans l’estimation de son coût”, réagit Franck Courchamp. 
 
“Il est maintenant urgent de financer une recherche internationale qui permettra de donner les éléments nécessaires à la prise de décision politique, que ce soit dans la prévention des invasions biologiques ou dans la gestion des espaces naturels”, continue-t-il.
 
Toutefois, selon le chercheur, l’impact des insectes sur la production agricole n’appelle pas nécessairement à une utilisation accrue d’insecticides.
 
“Au contraire, on voit bien que les insectes s'adaptent en développant des résistances, ce qui nous entraine dans une course à toujours plus d'insecticides, plus souvent, plus variés, plus concentrés, mais au final, on détruit les espèces non-cibles, et en particulier les auxiliaires de l'agriculture.”
 
Franck Courchamp estime que certains insectes étudiés sont “des champions de la résistance” aux insecticies, et parfois aux OGM. 
 
Dans un communiqué, le chercheur estime que la solution est plutôt dans les mesures de biosécurité, pour empêcher les invasions avant qu'elles n'arrivent, et une surveillance et une lutte ponctuelles très rapides pour éviter que les espèces qui arrivent ne s'établissent.