08/11/13

Innovation: des chercheurs béninois primés

Benin Innovation
Crédit image: Institut Français de Cotonou

Lecture rapide

  • Au Bénin, la liste des lauréats du concours national sur les innovations est connue
  • Les travaux primés concernent des dispositifs de lutte contre les ravageurs de végétaux, la protection du teck contre les stress oxydatifs et la lutte contre la jacinthe d’eau
  • Une campagne de vulgarisation sera lancée à l'échelle du pays pour promouvoir les travaux des chercheurs

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Les résultats de recherche et d’innovation de douze chercheurs béninois sont actuellement à l’honneur à l’Espace Joseph Kpobli de l'Institut Français de Cotonou. Ils ont été sélectionnés  parmi  les 41 propositions  traitant de thématiques variées, allant de la gestion de l’environnement aux questions de population en passant par l’agriculture et la biométrie.

Ces thématiques ont été  soumises au comité d’organisation de la quatrième édition du concours de "Posters scientifiques", une initiative de l’Institut Français du Bénin et de la direction nationale de la recherche scientifique et technologique (DNRST), en partenariat avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD).  

Les douze lauréats voyageront également à bord  du  «Premier Train de la Science et de la Technologie»,  qui s’élancera  le 25 novembre prochain de Cotonou pour la ville de Parakou, dans le centre-ouest du pays. 

A la faveur  d’une exposition itinérante, ils seront invités  à présenter jusqu’au 30 novembre, leurs réalisations aux populations, aux responsables communaux et aux acteurs socio-économiques au cours des sept différentes destinations du train à savoir, Cotonou, Allada, Bohicon, Dassa-Zoumé, Savé, Tchaourou et Parakou.

Parmi les douze meilleurs résultats de ce concours destiné à mettre en valeur les travaux de recherche pour le développement, les trois venus en tête vont particulièrement retenir l’attention.

Des recherches innovantes

Le premier prix est le fruit d’une collaboration entre l’INRAB (Institut National des Recherches Agricoles du Bénin) et le CIRAD. Remporté par Yarou B. Boni, assistant de recherche, il porte sur le tchayo (Ocimum gratissimum L.), un légume traditionnel qui permet de lutter contre les ravageurs du chou. Ces derniers sont des chenilles de lépidoptères à savoir Hellula undalis, Spodoptera littoralis et  Plutella xylostella.
 
Selon les résultats des recherches, l’association chou/tchayo, en lignes alternées, a enregistré significativement moins de ravageurs et a produit plus de pommes de choux commercialisables (90%) que l’association par encadrement (73%) et la culture pure de chou (73%). C’est dire que l’association chou/tchayo améliore la qualité sanitaire des récoltes, tout en augmentant le revenu des producteurs. La valeur supérieure à 1 de la surface relative équivalente de l’association chou/tchayo en lignes alternées (1,2) démontre que cette association est plus productive que les cultures pures.
 
Les résultats de l’étude renforcent ainsi la promotion de ce légume traditionnel, dont les qualités nutritionnelles et thérapeutiques sont reconnues.  Il faut rappeler que le choix de cette étude est motivé par le constat selon lequel l’intensification du maraichage urbain et périurbain entraîne la multiplication des bio-agresseurs.
 
Or, les produits phytopharmaceutiques utilisés, parfois à forte dose, dégradent l’environnement et nuisent à la santé des producteurs et à celle des consommateurs.  
 
Vient ensuite le deuxième prix, dont les travaux portent sur l’ «évaluation de la toxicité  et  de l’activité  antioxydante de l’extrait méthanolique des  feuilles de teck utilisées dans l’artisanat agroalimentaire au Bénin».

Il a été remporté par  M. Louis Fagbohoun, doctorant à la Faculté des sciences  techniques (FAST) à l’Université d’Abomey-Calavi. Il a mis en exergue les avantages liés à l’utilisation des emballages végétaux, notamment les feuilles de teck dont le nom scientifique est tectona grandis L., Verbenaceae.
Selon les conclusions de l’étude, le  pouvoir antiradicalaire ou ARP de la feuille de teck à travers le prélèvement effectué est inférieur à celui du trolox, antioxydant témoin utilisé.

Toutefois, elle présente une activité antioxydante moyenne due aux polyphenols qu’elle renferme. Cette activité se traduit par une réduction similaire des radicaux libres de DPPH (2,2-diphenyl-1-picrylhydrazyl) par les échantillons testés.  

En effet, les composés identifiés dans les fractions issues de combiflash sont en majorité des molécules colorantes allant du jaune au rouge. Ce qui justifie de surcroît, l’usage des feuilles de teck pour colorer certains produits  alimentaires ou teindre des fibres.

Il apparaît donc qu’une vulgarisation  de cette plante contribuera à la promotion du secteur artisanal au Bénin et à la protection contre les stress oxydatifs.  Par ailleurs, de la récolte à la commercialisation, en passant par le transport, les  emballages végétaux en général constituent  une activité génératrice de revenus.

Cette étude vise à remédier à l’ampleur très inquiétante  prise au Bénin  par l’usage des emballages en sachet, une matière non biodégradable, dans l’artisanat alimentaire. Une pratique par ailleurs nuisible à la santé, à cause de nombreux accidents hygiéniques et de la toxicité dus à une contamination de leur contenu. Elle  contribue, par ailleurs, à la pollution  esthétique de l’environnement.  

Mais le chercheur n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Il compte poursuivre l’étude pour déboucher sur les propriétés thérapeutiques de la feuille du teck.
Enfin, le troisième prix a été remporté par Essou Sylvie, étudiante à l'Université d'Abomey-Calavi. Son étude porte sur «les moyens de lutte contre la jacinthe d’eau dans les plans et cours d’eau de la basse Vallée de l’Ouémé, au Bénin».

Ses conclusions débouchent sur trois méthodes de lutte contre l’Eichhornia crassipes: la lutte manuelle, qui consiste au ramassage des plantes de jacinthe d’eau de la surface des cours et plans d’eau. Elle nécessite une main-d’œuvre abondante et pourrait engendrer de sérieux problèmes de santé.

La lutte biologique utilise des insectes pour freiner l’envahissement de la plante. La particularité de ce moyen de lutte est qu’il  faut attendre au moins cinq ans pour évaluer son efficacité. Mais il y a aussi l’usage de la plante dans la vannerie, le compost, le fourrage et le traitement des plaies, forme de valorisation à promouvoir pour freiner sa progression.

Pour une meilleure gestion de la jacinthe d’eau, la valorisation de cette dernière constitue donc le moyen le plus efficace, a conclu le chercheur. Essou Sylvie estime que la connaissance et le développement des vertus de cette plante sont des pistes de recherche indispensables pour sa maitrise.

Cette étude vise à soulager les populations de l’envahissement de cette plante qui fait obstacle au passage des pirogues et perturbent les activités de pêche. La lutte contre la jacinthe d’eau participe au développement des activités des populations de la basse vallée de l’Ouémé. Car, l’envahissement des plans d’eau par cette dernière a beaucoup contribué à la réduction du temps consacré au travail productif des populations et, par conséquent, accentue leur paupérisation.