23/03/15

Cinq nouvelles variétés améliorées de haricot au Cameroun

White beans (haricots)
Les nouvelles variétés de haricot sont créditées d'un fort rendement à l'hectare Crédit image: Richard Douala

Lecture rapide

  • Ces variétés ont été choisies avec le concours de plus de 8000 cultivateurs
  • Elles résistent aux maladies qui attaquent traditionnellement les légumineuses
  • Des obstacles empêchent encore la vulgarisation de la culture du haricot.

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Une équipe de chercheurs de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) du Cameroun vient de mettre au point cinq nouvelles variétés de haricot commun, "plus productives et plus résistantes aux maladies".

L’ingénieur agronome Martin Ngueguim qui dirige les recherches au poste IRAD de Foumbot dans l’ouest, a précisé à SciDev.Net que "ces cinq nouvelles variétés améliorées de haricot commun, riches en protéines, zinc, calcium et fer entre autres, peuvent donner des récoltes quatre fois plus importantes que les variétés traditionnelles, en plus de la résistance aux maladies du haricot comme la maladie de la toile et la maladie des tâches angulaires notamment".

D’après Noé Woin, le Directeur de l’IRAD, cette trouvaille est le résultat de recherches menées depuis 2006 en collaboration avec le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) et l’Alliance panafricaine de recherche sur le haricot (Pabra).

Ces lignées, précise Martin Ngueguim, sont obtenues à partir de différents croisements réalisés dans le centre du CIAT de Kampala en Ouganda.

De là sont sorties des lignées qui ont été envoyées pour être testées dans les conditions réelles.

“Aujourd’hui avec les variétés améliorées découvertes en 2012, j’atteins 13 sacs de 150 kg…  Et je crois qu’avec ces nouvelles variétés que nous avons, nous aurons les mêmes performances.”

Colette Wembe, Présidente d'une association de cultivateurs de haricot 

Depuis 2006, au moins 8 000 agriculteurs de différentes zones agro-écologiques ont été mis à contribution dans le processus de sélection de ces nouvelles variétés améliorées de haricot, d’après l’agricultrice Colette Wembe.

C’est ainsi que s’est opérée, apprend-on de chercheurs de l’IRAD, l’identification des variétés les plus performantes en fonction des différentes zones agro-écologiques.

Les variétés traditionnelles de haricot donnent des rendements moyens de 870 kilogrammes à l’hectare* ; "alors que les nouvelles variétés (NUV-109-2, NUA-99, PNN, BGG, DOR-701, NDLR) peuvent donner des rendements pouvant atteindre trois tonnes à l’hectare", indiquent les chercheurs de l’IRAD.

Colette Wembe qui dirige un GIC (Groupe d’Initiative Commune – une association de cultivateurs), de culture de haricot à Bafoussam sur les hauts plateaux de l’ouest –Cameroun, en sait quelque chose.

Interrogée par SciDev.Net, elle affirme qu’avec les variétés traditionnelles de haricot, elle récoltait au maximum 9 sacs de 150 kg à l’hectare.

"Aujourd’hui avec les variétés améliorées découvertes en 2012, j’atteins 13 sacs de 150 kg…  Et je crois qu’avec ces nouvelles variétés que nous avons, nous aurons les mêmes performances", déclare-t-elle.

En 2012, l’IRAD, de concert avec le CIAT et le Pabra, avait en effet mis sur le marché sept autres variétés de haricot améliorées.

En trois ans, ce sont donc 12 nouvelles variétés améliorées de haricot commun qui ont été découvertes au Cameroun.

Pourtant, malgré ces découvertes, des experts** disent que la culture au Cameroun des légumineuses comme le haricot est soumise à des contraintes comme la dégradation de la qualité des sols, l’encadrement insuffisant des agriculteurs, l’indisponibilité des intrants, le réchauffement climatique, etc.

Pendant ce temps, dans les marchés des grandes villes comme Yaoundé, le prix du haricot, toute variété confondue, est en moyenne de 650 FCFA le kilogramme.

Cette denrée alimentaire représente une source de revenus et un important apport de protéines à même de contribuer à la lutte contre la malnutrition.

"Selon les estimations de la FAO (2009), la consommation de protéines (au Cameroun, NDLR), est de 16 g/habitant/j, valeur de loin en dessous du seuil minimum recommandé qui est de 30 g. Cette population vit par ailleurs en deçà du seuil de pauvreté due au faible prix payé aux producteurs pour leurs produits aux faibles rendements."*** 

Références

* Agri-stat numéro 17 de juillet 2012, annuaire statistique du secteur agricole du Cameroun des campagnes 2009/2010.
** Contribution de la recherche à l’amélioration de la production et de la consommation des légumineuses alimentaires au Cameroun. Yaoundé, IRAD, 2013
*** idem