12/05/14

Banane Plantain: Un biofongicide pour lutter contre la maladie des raies noires

Mycosphaerella fijiensis_598
Crédit image: Flickr/Scot Nelson

Lecture rapide

  • La pulvérisation des bananeraies par le fongicide naturel Neco est un moyen efficace de lutter contre la maladie des raies noires
  • Cette maladie, causée par le champignon Mycosphaerella fijensis, fait subir d'énormes pertes aux exploiteurs de bananes plantain
  • Les exploitants espèrent que la mise en œuvre de la découverte permettra de produire des produits bio, très prisés à l'exportation

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[ABIDJAN] Une étude réalisée par des chercheurs ivoiriens a montré que l'utilisation du fongicide naturel NECO dans la pulvérisation des bananeraies constitue un moyen efficace de lutte biologique contre la maladie des raies noires.
 
Selon les chercheurs, le NECO peut être aussi associé dans un système de lutte intégré contre cette maladie qui entraine chaque année de sévères pertes de rendement chez les planteurs de banane plantain en Côte d'Ivoire et dans de nombreux pays africains.
 
La banane plantain est un produit très prisé en Côte d'Ivoire et dans le reste de l'Afrique. Les statistiques du Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) indiquent que la Côte d'Ivoire a une production annuelle de banane plantain de 1.500.000 tonnes.
 
"C'est la troisième culture vivrière ivoirienne, pour une consommation de 120 kg/habitant/an. Sa forte demande intérieure est accentuée par un marché sous-régional et international en constitution", a expliqué à SciDev.Net, Amani Kouakou, directeur de la station de recherches sur les cultures vivrières.
 
Le principal auteur de l'étude, Fernand Kassi, du laboratoire de physiologie végétale de l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody, explique que "cette maladie également appelée cercosporiose noire, est causée par un champignon (Mycosphaerella fijensis)."
 
"Elle peut causer des pertes de rendement pouvant atteindre 100 % de la production", a-t-il confié à SciDev.Net.
 
Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont travaillé sur la période d'août 2010 à avril 2011 sur deux cultivars de bananiers plantains en condition d'infestation naturelle dans une plantation expérimentale de l'Université Felix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody.
 
"Le pesticide naturel est pulvérisé sur les feuilles de bananiers dans les parcelles traitées, tandis que des bananiers témoins ne bénéficient d'aucun traitement", explique M. Kassi. Le chercheur révèle aussi que le NECO est obtenu par entrainement à la vapeur d'eau des feuilles fraiches de l'Ocimum gratissimum.
 
Quatre applications du NECO ont été réalisées au cours de la période d'évaluation. Les chercheurs ont observé qu'après chaque traitement, il y a une réduction de la vitesse d'évolution de la maladie chez les bananiers traités, tandis que la maladie évoluait de façon rapide sur les plantes témoins.
 
L'Ocimum gratissimum, appelé aussi Basilic Africain, est de la famille des Lamiacées. Il est répandu autour des villages en Côte d'Ivoire et peut prendre une forme de buissons jusqu'à deux mètres de hauteur.
 
Souvent cultivé à des fins médicinales ou aromatiques, le basilic africain entre également dans la composition de nombreux produits cosmétiques. Les feuilles servent localement à parfumer les infusions et les aliments.
 
Mme Eboulé Somala Yao est la présidente du groupement ''Main dans la main'' de Niablé, dans l'est de la Côte d'Ivoire. Elle dirige une coopérative de petits producteurs de banane plantain.
 
Pour elle, le NECO va permettre d'accroitre la production de produits bio qui vont en plus de la sous-région s'exporter convenablement vers le marché européen. "Nous souhaitons pénétrer le marché européen avec des produits bio très en vue", a-t-elle confié à SciDeV.Net.
 
Cependant, elle souhaite un soutien de l'Etat à la vulgarisation du NECO, afin que tous les producteurs de banane plantain puissent avoir accès à ce biofongicide pour pulvériser leurs exploitations.