27/07/16

Assécher les rizières pour une meilleure production

Riziculture
Crédit image: Flickr / Aved Colibantan

Lecture rapide

  • Cette technique culturale consiste à assécher la plupart du temps les rizières
  • Une telle approche, conforme aux ODD, améliore les rendements de 20 à 50 %
  • Parce qu’il demande plus de main d’œuvre, ce système n’est pas encore répandu

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[MARSEILLE] Assécher la plupart du temps les rizières là où l'on cultive le riz inondé : cette méthode permettrait d'augmenter la production agricole tout en luttant contre le réchauffement climatique.
 
Le réseau "Carbone des sols pour une agriculture durable en Afrique", qui regroupe 21 équipes de 11 pays africains, étudie et promeut des pratiques agricoles qui pourraient permettre de concilier ces deux objectifs. 
 

“L'inondation des champs est surtout utile pour contrôler les mauvaises herbes. Le riz n'est pas une plante aquatique, il pousse mieux sur un sol sec”

Saïdou Sall
Université Gaston Berger – Saint-Louis, Sénégal

 
Pour Tantely Razafimbelo, de l'université d'Antananarivo (Madagascar), coordinatrice de ce réseau, l'un des exemples les plus significatifs est le système de riziculture intensive.
 
Cette méthode combine "le repiquage de plants très jeunes, un espacement plus grand de ceux-ci et, surtout, l'assèchement régulier de la rizière", explique la chercheuse.
 
"On alterne 3 ou 4 jours d'inondation et 7 à 10 jours à sec", détaille Saïdou Sall, de l'université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), autre membre du réseau.
 
"L'inondation des champs est surtout utile pour contrôler les mauvaises herbes, poursuit-il. Le riz n'est pas une plante aquatique, il pousse mieux sur un sol sec."
 
D’ailleurs, plusieurs évaluations de la riziculture intensive ont montré des rendements en augmentation de 20 à 50%.
 
L'environnement aussi en est bénéficiaire : on économise jusqu'à 50% d'eau, et on utilise moins d'engrais et de pesticides.
 
Et surtout, la production de méthane par décomposition des végétaux dans l'eau est réduite, elle aussi, de 22 à 64%, selon l'université Cornell, aux Etats-Unis. Or, le méthane est un puissant gaz à effet de serre.
 
Pourquoi alors ce système n'est-il pas plus répandu ? Pour Saïdou Sall, la raison principale est qu'il nécessite plus de main d'œuvre pour désherber.
 
"Les agriculteurs doivent avoir les moyens financiers, et l'envie, de payer des ouvriers, alors que les recettes supplémentaires ne viendront qu'après la récolte", précise-t-il.
 
Dès lors, il est souvent plus confortable pour eux d'emprunter, à des taux très faibles, pour acheter des engrais et des pesticides, largement subventionnés par les Etats.
 

Réchauffement de la planète

 
Le recours à la riziculture intensive a été discuté lors de la première "Ecole d'été sur les Objectifs du développement durable (ODD), organisée à Marseille (France) du 8 au 13 juillet dernier par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et Aix-Marseille Université.
 
Il en est ressorti que les Etats devraient être intéressés par ce changement de technique ; car, en votant les ODD, ils se sont aussi engagés à rendre des comptes en 2030 sur l'état de la planète.
 
L'agriculture, directement ou par la déforestation, contribue à près d'un quart aux émissions globales de gaz à effet de serre liées aux activités humaines.
 
Le réchauffement rapide de la planète dû à ces gaz transforme les climats et les environnements.
 
Lors de l'assemblée générale de l'ONU le 25 septembre dernier, l'ensemble des pays se sont engagés à lutter contre ce changement climatique.
 
C'est en effet le treizième des 17 ODD qu'ils ont votés pour les quinze prochaines années; l'objectif a été confirmé à Paris en décembre 2015, lors de la COP21.
 
Le deuxième ODD, lui, stipule que chaque habitant de la planète doit pouvoir manger à sa faim tous les jours. Ce qui implique une augmentation de la production agricole.