20/03/17

Agriculture : Menace persistante pour les maïsiculteurs

Chenille du maïs
Crédit image: CABI

Lecture rapide

  • Plus d’une dizaine de pays sont affectés par les ravages de cette chenille venue des Amériques
  • Les chercheurs se mobilisent pour parer à un risque d’insécurité alimentaire
  • Cabi appelle à une collaboration internationale pour faire face à la situation

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Une enquête récente menée par des scientifiques du Centre pour l'Agriculture et les Biosciences Internationales (Cabi) révèle qu'une chenille dévastatrice se répand à travers l'Afrique à un rythme alarmant, suscitant des inquiétudes sur la sécurité alimentaire sur le continent.
 
La chenille d'automne, comme le prédateur est appelé, cible les cultures avec une telle agressivité qu'elle peut dévaster de vastes zones de plantations.
 
Sur le maïs, les larves nouvellement écloses du ver attaquent les jeunes feuilles du verticille en se nourrissant à mi-chemin de la plante, détruisant son point de croissance et tuant sa tige.
 
Les larves plus âgées attaquent les feuilles et les jeunes tiges de la culture et enfoncent les épis de maïs en développement, les rendant impropres à la consommation.
 
Le maïs est une culture vivrière de base à travers l'Afrique et Cabi est préoccupé par le fait qu'une crise due à la chenille d'automne conduise à une insécurité alimentaire majeure dans de nombreux pays africains.
 
"Tous les pays d'Afrique subsaharienne sont ou devraient être concernés, mais ceux qui ont confirmé la présence de ce ravageur sont Sao Tomé-et-Principe, le Nigéria, le Togo, le Bénin, le Ghana, le Zimbabwe, la Zambie et l'Afrique du Sud", a confié à SciDev.Net Matthew Cock, expert en lutte biologique et lutte intégrée contre les ravageurs à Cabi.
 
"Des informations non encore confirmées sur la présence de ce ravageur nous parviennent également de l'est de la RDC, du Burundi, du Malawi, du Mozambique et de la Namibie", a-t-il ajouté.

Dans la plupart de ces pays, les cultures étaient déjà confrontées à des ravageurs et à des maladies avant même que la présence de la chenille d'automne ne soit signalée.On sait que plusieurs mites à tiges, ainsi qu'une variété d'autres insectes ravageurs et de maladies affectent les cultures de maïs.
 
Cela s’ajoute à la grave situation actuelle de sécheresse, qui provoque déjà de graves pénuries alimentaires à travers le continent.
 
D'autres recherches sont nécessaires pour documenter les dégâts déjà causés par la chenille d'automne en Afrique.
 
Toutefois, selon Cabi, les agriculteurs et le personnel de recherche sur le terrain en Afrique de l'Ouest font état d'un nombre de dégâts au maïs sensiblement supérieur que d'habitude, avec des chiffres pouvant atteindre 80% des pertes de récolte dans certains cas.
 
"Je ne sais pas à quel point ces chiffres sont exacts, mais l'organisme nuisible est certainement perçu comme étant à l'origine de grands dégâts", estime Matthew Cock.
 
La chenille d'automne est un prédateur indigène des régions tropicales et subtropicales de l'Amérique du Sud et du Nord. Elle prolifère pendant le printemps et l'été.
 
Ce n'est que l'année dernière qu'elle a été découverte pour la première fois dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest, ce qui a incité Cabi à enquêter sur la menace qu'elle représente pour le continent.
 
A présent, Matthew Cock et ses collègues de Cabi sont préoccupés quant à la possibilité d'empêcher la propagation de la chenille d'automne en Afrique subsaharienne.
 
Cependant, ils sont convaincus que les pays africains peuvent se préparer pour que lorsque le prédateur arrive, ils détectent rapidement sa présence et s’organisent pour y face.
 
 
40% des cultures sont perdues chaque année à l'échelle mondiale, à cause des ravageurs.
 
Ces cultures sont une source vitale de nourriture et de revenus pour plus de 2 milliards de petits agriculteurs dans le monde.
 
Le programme Plantwise de CABI vise à aider les agriculteurs à perdre moins de ce qu'ils cultivent à cause de problèmes de santé végétale.
 
En étroite collaboration avec les services consultatifs agricoles nationaux, Plantwise établit et soutient des réseaux durables de cliniques végétales, dirigés par des médecins spécialistes formés, où les agriculteurs peuvent trouver des conseils pratiques sur la santé des plantes.
 
"Plantwise est parmi les supports déjà en place dans plusieurs pays africains pour aider à résoudre ce problème et le matériel développé sera librement accessible à tous", précise Matthew Cock.
 
"Un important effort international de recherche et de test sera nécessaire pour évaluer les différentes options de contrôle, initialement basées sur les pratiques existantes en Amérique et en Afrique, mais aussi en explorant de nouvelles méthodes, comme le contrôle biologique".
 
Cabi et d'autres organisations internationales de recherche devront collaborer avec les programmes nationaux, les groupes régionaux, la FAO, et les appuyer afin de faire face à la menace de la chenille d'automne, ajoute Matthew Cock.

Références