26/03/14

Abidjan sollicite les chercheurs pour “domestiquer” l’arbre de karité

Shea nuts
Crédit image: Flickr/Biodibversity International

Lecture rapide

  • La Côte d'Ivoire, cinquième producteur mondial de beurre de karité, veut s'appuyer sur les chercheurs pour promouvoir cette matière première sur le marché mondial
  • Abidjan veut notamment contrôler et rationnaliser la culture de l'arbre de karité, dans les zones savanicoles
  • A terme, l'objectif est de créer une filière rentable, à l'image du café et du cacao

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[ABIDJAN] Abidjan ambitionne de mettre en œuvre des mesures propres à "domestiquer" l'arbre du karité dans le but de viser des normes industrielles et d'assurer la compétitivité de ce produit sur le marché mondial.
 
Pour réussir ce défi, les autorités ivoiriennes comptent sur l'apport des chercheurs des différents centres de recherche du pays. "L'arbre du karité poussant à l'état sauvage dans la zone savanicole du nord de la Côte d'Ivoire, il doit être domestiqué et entretenu pour un meilleur suivi", a déclaré à SciDev.Net le ministre ivoirien de l'agriculture, Coulibaly Sangafowa.
 
Le ministre a souligné que l'objectif final est de faire ressortir les potentialités économiques susceptibles, à terme, de réduire la pauvreté en sortant les producteurs de la précarité et surtout en leur permettant d'exercer leurs activités dans de bonnes conditions.
 

“Le manque d'unité de transformation, la méconnaissance des coûts, les difficultés d'accès à des emballages appropriés et au financement, l'instabilité des coûts de l'amande et la faible compétitivité des produits transformés sur place, constituent des freins à son plein essor.”

Kouablan Koffi, Chercheur au Laboratoire Central de Biotechnologies (LCB), Côte d'Ivoire

Diarrasouba Nafan, enseignant-chercheur à l'Universite Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, relève que la filière karité rencontre des difficultés en Côte d'Ivoire.

Selon lui, il s'agit, entre autres, de la non maîtrise de la croissance de l'arbre, de l'absence de statistiques fiables sur le parc et la production, de  la coupe abusive du bois de karité ainsi que de la faiblesse de la qualité de la noix.
 
"En mettant des moyens adéquats à la disposition des scientifiques, ils pourraient mener des travaux de recherche appropriés pour maîtriser la croissance de l'arbre et proposer des méthodes de culture de cette plante pour une meilleure rentabilité", soutient Diarrassouba Nafan.

 

Vertus et Utilisations

 
Chercheur au Laboratoire Central de Biotechnologies (LCB) du Centre National de Recherche Agronomique de Côte d'Ivoire, Kouablan Koffi indique pour sa part que le beurre de karité gagne à être connu.
 
Selon lui, il a de nombreuses vertus et peut servir en dermatologie. Il est utilisé en Afrique depuis des millénaires par les femmes et leur famille comme huile à cuisson, ainsi que pour les soins corporels.
 
Lorsqu'il est produit selon les techniques traditionnelles (par pression ou barattage manuel), le beurre de karité conserve toutes ses propriétés naturelles : il est riche en insaponifiables, en acides gras, en latex et en vitamines A, D, E, F et K.
 
"Vu sa composition exceptionnelle, le beurre de karité peut être utilisé pur ou comme ingrédient de base dans divers produits de soin du corps, du visage, des lèvres et des cheveux", précise Kouablan Koffi.
 
Selon les statistiques du ministère ivoirien de l'Agriculture, le karité occupe le 5e rang mondial avec une production de beurre estimée à 40.000 tonnes par an. Les acteurs de la filière sont constitués à 90% de femmes et estimés à environ 12 000 sur l'ensemble du territoire ivoirien.
 
Le président du Réseau ivoirien de Karité de Côte d'Ivoire, Diarassouba Brahima, estime que la domestication de l'arbre de karité permettra aux populations des zones de savane de créer de véritables plantations et d'en faire un produit de rente, au même titre que le café, le cacao et l'hévéa, entre autres.
 
En attendant, il souhaite une meilleure organisation de la filière, en vue d'augmenter les revenus des exploitants d'amandes de karité et de bénéficier de la transformation.
 
« Le manque d'unité de transformation, la méconnaissance des coûts, les difficultés d'accès à des emballages appropriés et au financement, l'instabilité des coûts de l'amande et la faible compétitivité des produits transformés sur place, constituent des freins à son plein essor », a-t-il souligné. Avant d'appeler les chercheurs sur ces difficultés et proposer des réponses adéquates aux populations.